Trois semaines passées aux antipodes suffisent à s'en convaincre, la musique indienne d'aujourd'hui déborde largement l'idée que l'on s'en fait. On y surnage dans un océan de propositions artistiques, bien au-delà de la musique classique indienne et de cette pop légère inextricablement liée à Bollywood,  immense industrie du cinéma indien qu'on connaît encore peu en Occident à moins d'être originaire d'Asie méridionale - on y tourne plus de 200 films par année!

Ainsi, une immersion musicale à Mumbai et New Delhi pulvérise tous préjugés. Non seulement la pop bollywoodienne y est beaucoup diversifiée qu'on ne le croit, mais encore l'indienne classique s'y avère ouverte à l'époque actuelle tout en conservant sa rigueur exemplaire et son respect absolu de ses traditions. À ces pôles se greffent d'innombrables variations musicales, davantage liées aux courants planétaires  d'aujourd'hui - électro, rock, indie pop, hip hop, heavy métal, jazz moderne, DJisme et plus encore.

Pour s'en rendre compte, voici ce tout modeste polaroid d'un corpus colossal. Qui s'inscrit dans une Inde en pleine mutation, bien au-delà de sa croissance économique pour le moins spectaculaire.  Au sein de la plus grande démocratie du monde, on observe déjà l'accession accélérée de centaines de millions de personnes à la classe moyenne, on y déplore des écarts de richesse encore profonds entre très riches et très pauvres, on se fascine pour ce brassage ethnique et religieux, on ressent cette tension de tous les instants entre modernité et tradition. La musique ne fait pas exception au processus. Elle explose littéralement dans le pays le plus densément peuplé sur terre - 1,2 milliard d'habitants.