L'écrivain Éric-Emmanuel Schmitt amène Mozart à Montréal pour Ma vie avec Mozart. Inspiré de l'un de ses succès en librairie, le spectacle proposera une lecture des textes de Schmitt mêlée à l'interprétation de pièces de Mozart par l'orchestre de chambre I Musici.

Sensible aux «gourmandises culturelles et gastronomiques», Éric-Emmanuel Schmitt a accepté, non sans plaisir, l'invitation du festival Montréal en lumière. Publié en 2005, Ma vie avec Mozart avait déjà fait l'objet d'adaptation sur scène, mais c'est la deuxième fois seulement que l'auteur interprète lui-même son texte.

 

«Je l'ai fait à Bruxelles au moment de la sortie du livre. C'était très beau: cela m'a bouleversé. Je me suis dit: je ne recommencerai jamais. C'était violent pour moi de vivre ça: non que je ne sois habitué aux succès ou aux bravos, mais généralement ils sont envoyés aux acteurs qui me jouent! C'était assez unique, mais on va faire un deuxième unique», promet Éric-Emmanuel Schmitt.

En 2005, le prolifique auteur - il a signé une quinzaine de pièces de théâtre et tout autant de récits et romans - publiait sa seule et unique autobiographie: Ma vie avec Mozart. «Je voulais vraiment payer ma dette à Mozart: montrer qu'il n'était pas seulement un musicien, mais aussi un professeur de vie, un grand consolateur, quelqu'un qui me donne de l'allégresse quand je n'en ai pas», rappelle l'auteur.

Éric-Emmanuel Schmitt y confie ses bleus à l'âme: les pensées suicidaires de ses 15 ans, les nombreux deuils à faire, l'ivresse des succès. «On parle souvent de la musique en terme d'environnement sonore, mais cela peut être plus que ça. Au niveau intérieur, la musique m'a guéri d'une dépression. La musique peut vous donner des larmes quand vous n'en avez pas, elle transforme la tristesse en beauté. Elle nous montre que l'on n'est pas seuls à être tristes. Elle nous dit des tas de choses essentielles sur nos vies», raconte-t-il.

Mozart est aussi une source d'inspiration artistique pour cet ancien professeur de philosophie. «Mozart est quelqu'un qui offre l'idéal de ce que doit être un artiste: c'est un modèle d'amabilité, d'optimisme lucide, d'allégresse et d'émerveillement. Parler de Mozart, pour moi, ce n'est pas parler de musique, mais de ce qu'il y a de fondamental dans une vie pour la réussir. C'est un guide philosophique pour moi.»

Expériences universelles

Sur scène, Éric-Emmanuel Schmitt ne parlera pas tant de lui que de ses expériences universelles. «On a tous eu des difficultés à être adolescents, on a tous voulu séduire, peut-être trop, on a tous connu les premiers deuils, les premières amours, l'épreuve de la mort. On va se raconter la vie, avec de la vraie musique: la musique de Mozart», promet-il.

Face au public, aux côtés des musiciens, Éric-Emmanuel Schmitt risque de se retrouver au paradis. «C'est important pour moi de les entendre, de sentir les vibrations de leurs corps, sentir l'énergie qui se dégage des corps d'un chanteur, estime Schmitt. C'est la raison pour laquelle on va au spectacle, pour être au plus près possible de ce corps qui devient un instrument. C'est une chose que ne peuvent pas donner les disques, la radio, les enregistrements: il faut partager l'air qui vibre avec les musiciens.»

Sur scène comme dans le livre, les paroles de Schmitt auront pour réponses celles, musicales, de Mozart: Les noces de Figaro (actes I, III et IV) et La flûte enchantée (actes I et II) font partie du programme. «Les musiciens, les solistes ou l'orchestre vont être sur scène et vont jouer Mozart. Benoît (McGinnis) et moi jouons un homme très jeune et un homme mûr, dans les grands moments de sa vie. On va voir comment la musique de Mozart l'enthousiasme, lui fait battre le coeur», dit Schmitt.

Ce nouveau passage à Montréal ne sera pas le dernier en 2009. Le dramaturge, devenu réalisateur avec Odette Toulemonde, assurera le mixage d'Oscar et la dame rose à Montréal, en mai. Produit par le Canada, la France et la Belgique, le film devrait sortir d'ici à la fin de l'année, croit Schmitt. «Je viendrai avec bonheur présenter le film quand il sera prêt», dit-il.

Ma vie avec Mozart, d'Éric-Emmanuel Schmitt, les 26 et 27 février, 20h, salle Maisonneuve de la Place des Arts.