Serge Denoncourt, qui pilote la comédie musicale humanitaire GRUBB, a vivement réagi, hier, à un reportage publié ce week-end par le quotidien The Gazette dans lequel il est dépeint comme un personnage autoritaire qui contrôle le discours des adolescents roms avec lesquels il travaille et assoit son pouvoir en pratiquant l'ostracisme et l'humiliation.

«Qu'on dise que je suis autoritaire et exigeant, je n'ai pas de problème avec ça. Qu'on dise que je les ostracise et que je les humilie, j'ai un énorme problème avec ça», rétorque le metteur en scène, qui se dit «extrêmement blessé» par ces propos.

Le passage qui vise Serge Denoncourt est basé sur un incident survenu mercredi dernier. En marge de l'enregistrement de l'émission de Pénélope McQuade, à Radio-Canada, le metteur en scène a réprimandé l'un des adolescents de la distribution, qui venait de faire une blague douteuse sur le plateau. Celui-ci avait lancé «I'm gypo!», reprenant ainsi à son compte une insulte proférée envers les Roms en Serbie.

«Les plus grands lui ont dit qu'il ne pouvait pas faire des choses comme ça», expose Serge Denoncourt. L'un d'entre eux a confirmé à La Presse que le geste de son jeune confrère avait mis tout le groupe mal à l'aise et que ce n'est pas la première fois que les plus âgés interviennent auprès des plus jeunes.

L'accrochage s'est toutefois poursuivi avec pour résultat que le metteur en scène a confiné deux des jeunes dans leur chambre pour le reste de la soirée et a jeté leurs exemplaires de l'album GRUBB aux ordures. «On ne s'en allait pas à La Ronde, on allait répéter, précise Serge Denoncourt, ajoutant qu'il a déjà banni d'autres adolescents d'une répétition auparavant. Pour avoir manqué de respect à l'une des filles du groupe, par exemple.

Un rôle d'éducation

Serge Denoncourt n'est pas le père de ces enfants. Pourquoi est-ce lui qui distribue les punitions? «Parce qu'après trois ans, j'ai aussi un rôle d'éducation qui est devenu presque plus grand que celui de metteur en scène, répond-il. Je suis devenu une figure paternelle pour ces jeunes et, dans ce rôle, j'ai plus d'autorité que quiconque à RPOINT.»

Le metteur en scène se dit aussi «gêné» qu'on laisse entendre qu'il leur met des mots dans la bouche. «Depuis le début, je leur dis de dire la vérité», plaide-t-il. Il admet toutefois insister pour que les adolescents se montrent toujours courtois. «Je les avertis qu'ils ne doivent pas avoir la tête enflée même s'ils se font reconnaître dans la rue», explique-t-il. Son intervention de la semaine dernière allait aussi dans ce sens, selon lui.

Caroline Roboh, l'une des cofondatrices de RPOINT, ONG à la source de GRUBB, assure avoir pleinement confiance en Serge Denoncourt. Elle affirme en outre que le metteur en scène a été un élément clé de l'organisation et qu'il a grandement contribué à «révéler les jeunes à eux-mêmes». «Chacun d'eux», précise-t-elle.

Les deux adolescents grondés par Serge Denoncourt, eux, semblent avoir tourné la page. Ils ne sont pas les premiers à faire l'objet de mesures disciplinaires. Lors d'un récent séjour à Paris, deux des filles du groupe ont par exemple été confinées à leur chambre par leur accompagnatrice pour avoir contrevenu à une règle établie pour les tournées.

Serge Denoncourt répète que sa démarche avec les jeunes Roms vise exactement l'inverse de l'ostracisme et de l'humiliation. Le musicien et réalisateur Francis Collard, aussi présent à Radio-Canada, estime pour sa part que l'intervention a été «mal interprétée» dans le reportage de The Gazette. «Les jeunes passent toujours avant tout, pour Serge», assure-t-il.