Arcade Fire a déclenché des démonstrations d'exubérance et de jubilation à Montréal après avoir déclassé certains des plus gros noms de l'industrie de la musique en décrochant le prestigieux prix de l'album de l'année, dimanche soir, aux Grammy.

La Ville de Montréal a attrapé lundi au vol le «Merci Montréal» lancé par le groupe Arcade Fire, dimanche soir, à Los Angeles.

Le site Internet de la Ville de Montréal arborait sur sa page d'accueil une bannière rouge sur laquelle est inscrite «Bravo Arcade Fire pour son Grammy de l'album de l'année!», et qui montre les silhouettes des membres du groupe.

«Merci Montréal», a lancé dimanche le chanteur Win Butler. «Merci d'avoir donné une maison à notre groupe», a-t-il ajouté en anglais.

Après avoir chaudement remercié ses admirateurs québécois en français et en anglais, le groupe constitué à Montréal a livré une performance inspirée de Ready To Start en guise de cadeau. Quelques minutes plus tôt, Win Butler et ses acolytes avaient présenté la chanson Month Of May sur la scène du Staples Center, à Los Angeles, une première prestation à vie pour Arcade Fire aux Grammy.

Avec son album The Suburbs, le groupe a eu le dessus sur Eminem, Lady Gaga, Katy Perry et Lady Antebellum.

La victoire surprenante d'Arcade Fire a semé un flot de commentaires sur des sites de réseautage en ligne de gens s'interrogeant sur le choix de l'Académie des Grammy. Plusieurs se demandaient qui sont les Acarde Fire?

Mais au Canada, et particulièrement à Montréal, le temps était à la célébration.

Le premier ministre Stephen Harper a émis un communiqué lundi pour féliciter plusieurs lauréats canadiens aux Grammy - incluant Arcade Fire pour l'album de l'année.

Son ministre du Patrimoine, James Moore, a même lancé sur son compte Twitter: «Une réflexion: Je suis un grand fan de U2, mais peut-être que U2 devrait ouvrir pour Arcade Fire le 30 juillet à Moncton plutôt que l'inverse.»

L'année dernière, Arcade Fire avait tenu un concert impromptu dans un stationnement, à Longueuil, pour lancer le disque désormais lauréat du Grammy de l'album de l'année.

Le fondateur du groupe, Win Butler, est né en Californie et a été élevé au Texas, mais a constitué la formation après être déménagé à Montréal il y a dix ans.

Le succès du premier album d'Arcade Fire, Funeral, avait valu à Montréal une réputation enviable de berceau de la musique rock indépendante.

Plusieurs Montréalais ont aujourd'hui l'impression qu'une part du succès du groupe leur revient, ayant été témoin de leur ascension des sous-sols d'église jusqu'aux grands amphithéâtres bondés.

La chanteuse de jazz de Montréal Ranee Lee célébrait aussi, dimanche.

Elle a enseigné à Régine Chassagne - multi-instrumentiste d'Arcade Fire et conjointe du chanteur Win Bulter - quand elle étudiait la musique à l'Université McGill.

«Je suis très fière d'elle et du choix qu'elle a fait avec ses comparses, et son âme soeur, d'être fidèle à ses valeurs musicales», a soutenu Ranee Lee.

«Elle dégage cette vitalité qui est contagieuse et qui semble faire partie de l'identité du groupe», a-t-elle ajouté.

Win Butler a souligné aux médias, dimanche soir, à Los Angeles, la place que revêt Montréal dans le coeur du groupe.

«Je demeure à Montréal depuis presque dix ans maintenant, ce qui est pratiquement (un record) pour moi. J'ai grandi dans les banlieues de Houston, au Texas, et Montréal est vraiment une maison pour moi», a dit le chanteur.

«Régine est de Montréal, et le reste du groupe a en quelque sorte déménagé ici. Il y a une scène culturelle si belle et beaucoup de forces créatrices ici, alors je crois que l'essence du groupe vient d'une certaine façon de la ville.»

Régine Chassagne a parlé de Montréal comme d'un «bel endroit pour avoir une vie normale».