La perspective d'un gala de musique Quebecor suscite plus de scepticisme que d'engouement dans le milieu de la musique, a-t-on constaté dimanche, lors du gala de l'ADISQ. Dans la foulée du retrait de l'étiquette Musicor de l'association des producteurs de disques, la création possible d'un nouveau gala, révélée par La Presse la semaine dernière, ne crée pas l'enthousiasme.

«J'aurais de la misère à gagner un autre prix qu'un Félix», croit Louis-Jean Cormier, de Karkwa. Attaché à la tradition de l'ADISQ, qui récompense depuis plus de trois décennies les talents d'ici, Louis-Jean Cormier estime qu'un nouveau gala risque de disperser l'intérêt du public.

«Le milieu est tellement petit que je crois que l'on devrait fêter tout le monde ensemble, sinon, c'est n'importe quoi», répond quant à lui Yann Perreau. S'il produit lui-même ses disques, Yann Perreau aime retrouver ses pairs à l'ADISQ. «Je trouve ça le fun d'être ici, l'ADISQ est une belle tradition», dit-il.

Même son de cloche du côté de la révélation de l'année, Béatrice Martin, la jeune Coeur de Pirate. «C'est sûr que je ne fais pas partie de la famille Quebecor, mais je sais qu'en tant qu'artiste je n'aimerais pas m'exclure de quelque chose», explique-t-elle.

Attachée à l'ADISQ, Florence K, en licence chez Quebecor, espère quant à elle pouvoir continuer à se présenter à l'ADISQ. «Je suis très contente s'il y a un autre gala, qui est inclusif et encourage l'industrie. Mais je continuerais à venir à l'ADISQ», a-t-elle affirmé.

Les désaccords entre Quebecor et l'ADISQ, notamment sur la place qui doit être accordée à la popularité des artistes, n'ont pas convaincu le duo Alfa Rococo. Leur chanson Plus rien à faire, en compétition dans la catégorie chanson populaire de l'année, illustre selon eux la volonté de l'ADISQ de s'ouvrir au vote du public.

«Je ne comprends pas trop les enjeux politiques derrière tout ça. L'ADISQ souligne la popularité avec le vote du public: c'est un pas en avant, dit David Bussières. Je pense que l'ADISQ, malgré ses défauts, est un gros gala qui a lieu d'être. Et c'est la qualité qui est récompensée.»

Croisé sur le tapis rouge, Gilles Duceppe veut croire à une possible réconciliation entre l'ADISQ et Quebecor. «Je souhaite que l'on arrive à une entente, sinon ça divise le milieu de la musique», déplore-t-il.

La ministre de la culture Christine Saint-Pierre ne devrait pas intervenir dans le dossier, même si le retrait de Musicor de l'association des producteurs de disque a pour effet de disqualifier les artistes Quebecor de la course aux Félix l'an prochain (Marie-Mai, Nanette Workman ou Stéphanie Lapointe sont du lot) et d'encourager la création d'un autre gala.

«Je suis le dossier de près, mais je ne peux pas m'immiscer dedans, a-t-elle prudemment rappelé. Je ne veux pas me mêler de cette chose, mais idéalement, l'ADISQ est une grande fête de la musique. Ce que je souhaite, c'est que tout le monde fête ensemble.»

Du côté des poulains Quebecor, la langue de bois était de sortie. «Ce sont des débats politiques dans lesquels je n'ai pas envie de m'impliquer. S'il y a une autre fête de la musique, alors tant mieux», répond Annie Villeneuve. La star académicienne cuvée 2009 Sophie Vaillancourt s'en remet quant à elle à l'avenir: «C'est mon premier gala ADISQ, je suis le courant, on verra ce qu'il en sera l'année prochaine.»