À l'occasion du jubilé d'argent du grand festival francophone, son président et cofondateur Alain Simard explique comment, malgré de nombreux aléas, les FrancoFolies ont toujours occupé la belle place dans le coeur des Montréalais.

Les FrancoFolies ont 25 ans: parlez-nous des débuts...

J'avais produit pour la télévision un direct entre le Festival d'été de Québec et les FrancoFolies de La Rochelle de Jean-Louis Foulquier. On avait Charlebois ici et Léo Ferré là-bas. Jean-Louis, que je connaissais depuis longtemps, m'avait alors parlé de son projet de présenter des FrancoFolies à New York... Je lui avais dit: «Pourquoi on ne fait pas ça à Montréal qui pourrait devenir ton pied-à-terre en Amérique?» Il a accepté et j'ai ensuite pris contact avec Guy Latraverse, qui avait produit tous les grands de la chanson d'ici. À trois, on a lancé les FrancoFolies de Montréal en septembre 1989, avec une série de spectacles en salles.

Depuis ce temps, les FrancoFolies ont connu une vie, disons... assez mouvementée. Comment voyez-vous leur évolution?

On a souvent changé de saison. On a vite ajouté une programmation extérieure gratuite comme au Festival de jazz. Jean-Louis n'est plus avec nous, mais la mission des FrancoFolies n'a jamais changé. Ce festival doit servir de tremplin aux jeunes artistes, assurer la promotion de la chanson française et les échanges avec la France. Quand on est passé à l'extérieur en 1994, on avait un marché avec des vendeurs de bijoux et des animateurs de rue, un peu à l'image des festivals européens. Après, on a créé des «mondes» qui ciblaient des clientèles spécifiques tout en suivant l'évolution stylistique de la musique. On voulait attirer les jeunes, qui ne s'intéressaient pas nécessairement à la grande chanson de leurs parents, et les Montréalais des communautés culturelles parce qu'on voulait aussi refléter l'évolution de la ville.

Les Francos ont calqué la formule du Festival de jazz avec des spectacles gratuits, mais on a parfois l'impression que les cases sont difficiles à remplir...

Malgré les ressemblances, ce sont deux festivals très différents. Les gens viennent au jazz pour la musique et l'ambiance, mais il nous est apparu qu'ils venaient aux FrancoFolies pour voir un artiste en particulier. Et même si les styles ont éclaté, la chanson reste le mode d'expression artistique privilégié des Québécois, et les artistes québécois se reconnaissent dans ce festival. On prend des chances, c'est sûr: ça fait partie de notre mission. Dans la rue, sauf exception, on ne programme que des artistes qui ne vendraient pas leurs salles. L'autre différence avec le jazz tient au fait que les FrancoFolies ne sont pas un festival touristique. Pas encore... Depuis que les FrancoFolies sont présentées en juin, on voit toutefois le potentiel de ce «trou» qui existe entre le début de l'été touristique que lance le Grand Prix de Formule 1 et la fin de la saison d'affaires.

Vingt-cinq ans de FrancoFolies représentent des centaines et des centaines de spectacles; lesquels vous reviennent le plus fréquemment à l'esprit?

Jean Leloup, d'abord, qui a explosé à notre première année. Puis,La Fête à Montréal au Forum, pour le 350e, en 1992, quand on avait réussi à garder le secret de la réunion de Beau Dommage. Le vent, la mer, le roc, en ouverture du 15e anniversaire, avec Daniel Boucher, Kevin Parent et Éric Lapointe. L'Hommage à Félix 20 ans après sa mort, en 2008, que l'on reprend cette année, toujours avec Dominic Champagne à la mise en scène. Le spectacle-bénéfice pour Claude Léveillée, une soirée très émouvante... Chez les Français il y aura toujours les trois soirs de Charles Aznavour à Wilfrid-Pelletier et le fait que, au fil des ans, on a programmé des pères et leurs fils: Jacques Higelin et Arthur H, Louis Chedid et Mathieu Chedid. Je pense aussi à ces articles qui parlaient de «jeunes artistes à découvrir»: Daniel Bélanger, Ariane Moffatt, Pierre Lapointe, Coeur de pirate... On a souvent créé un effet.

Et les FrancoFolies aujourd'hui?

On a toujours un déficit accumulé de 1 million, mais les problèmes sont chose du passé. Les FrancoFolies, au pire de la crise, ont été l'objet d'un grand mouvement de solidarité. De grandes sociétés nous ont envoyé de l'argent et on a vendu 400 000$ de bracelets dans le grand public. Spectra a réduit ses honoraires, Guy Latraverse aussi. Parce qu'il fallait assurer la survie de cet important festival. Jusqu'à ce que Bell se joigne à nous, le mois dernier, nous n'avions pas l'apport d'un commanditaire principal: les artistes et leurs agents l'ont compris et tous ceux qui participent au spectacle25 ans - 25 artistes, le 17 juin, ont accepté le même cachet de moins de 1000$. Ça dit tout...