Zéro pour cent de probabilité d'averse. Des casseroles qui tintent déjà, plus de trente minutes avant le début du spectacle. La visite annoncée des leaders étudiants. Une place des Festivals bondée. Trois rappeurs qui n'ont pas pris un gros bain de foule depuis un bail. Le retour de Loco Locass pouvait difficilement ne pas être l'événement des présentes FrancoFolies.

Monté sur scène sur le coup de 21 h, le trio a donné le coup d'envoi avec [Wi], première chanson du tout nouvel album Le Québec est mort, vive le Québec! Biz, Chafiik et Batlam n'étaient pas là pour danser sur la tombe d'un pays indécis, en effet, mais pour donner un élan supplémentaire à l'indignation qui arpente les rues depuis des mois.

[Wi] est un plaidoyer pour l'indépendance. C'est aussi une invitation à la prise de possession d'un pouvoir collectif. «Nous sommes le peuple et Charest est nu», a d'ailleurs scandé le trio, modifiant légèrement le texte tel qu'il est gravé sur disque. La chanson s'est terminée sur un insistant «on est plus que cinquante!», un slogan qui fait partie du vocabulaire des manifestants depuis l'adoption de la loi spéciale (78) et que le groupe a répété sur un ton moqueur.

Gonflé à bloc

Gonflé à bloc, le trio a servi un spectacle plein d'aplomb, alors que, selon Chafiik, il se produisait devant la plus grande foule de sa carrière. La soirée a été portée par un groove organique qui prenait au corps et a permis de confirmer que plusieurs de ses nouvelles chansons - Du joufflu, [Wi], Le mémoire de Loco Locass, Occupation double - sont de vraies petites bombes. Leurs mélodies accrocheuses et leurs refrains rassembleurs résonnaient comme s'ils avaient été composés spécialement pour cette foule-là.

Ce rassemblement manifestif s'est terminé, c'était couru d'avance, avec son hymne Libérez-nous des libéraux. Qui a été porté en choeur d'un bout à l'autre de la place des Festivals.