Intimidant d'interviewer une légende du rock? Pas quand son nom est Vivien Goldman. Sympathique, humble, curieuse et chaleureuse, on comprend pourquoi le festival Pop Montréal l'a invitée à donner une conférence samedi.

Journaliste pour NME dans son jeune âge, rockeuse au sein de The Flying Lizards, ancienne attachée de presse pour Island Records, biographe de Bob Marley, professeure de punk et reggae à la New York University, documentariste pour la BBC... Avec son CV des mieux garnis, Vivien Goldman est l'une des premières féministes du grand livre du rock'n'roll. Née à Londres de parents juifs polonais, elle est tombée dans la musique britannique à une période où tout était à inventer et où les femmes n'avaient pas leur place. «Les batailles qu'on a eues... Les gars ne voulaient pas qu'on soit là, comme si les femmes ne s'intéressaient pas au rock.»

Invitée à Pop Montréal, Vivien Goldman rencontrera le public montréalais avec sa grande amie, Jeannette Lee, autre figure féminine marquante du rock. Avant d'être copropriétaire de Rough Trade Records (Pulp, Cranberries, The Strokes), Lee a travaillé dans les mythiques boutiques où tous les musiciens de Londres allaient se fringuer dans les années 1970, soit Acme Attractions et la boutique SEX. Elle faisait également partie du groupe post-punk Public Image Ltd. «Jeannette est comme ma soeur, dit Vivien Goldman. Être ensemble à Pop Montréal est très spécial, car nous nous ne sommes pas vues depuis trois ou quatre ans.»

Proche de Bob Marley

Goldman et Lee ont été des témoins privilégiées de l'histoire de la musique. Beaucoup de jeunes paieraient cher pour se téléporter dans l'underground punk-rock londonien du milieu des années 1970.

«C'était une période tellement intéressante», dit Vivien Goldman. La musique révolutionnait les moeurs, car «il y avait peu de médiums qui intéressaient les jeunes».

Vivien Goldman se souvient de sa toute première entrevue. C'était avec Captain Beefheart pour le magazine Sounds. «J'étais nerveuse, je ne peux pas te dire!»

Comme jeune attachée de presse, elle adorait rédiger des communiqués d'artistes inconnus qui étaient destinés à devenir grands, à ses yeux. «Au départ, personne ne connaissait Bob Marley. Quand Time Out m'a refusé une entrevue, j'ai joint l'éditeur. Bob Marley a finalement fait la page couverture, et cela a été très important pour sa carrière.»

Vivien Goldman entretenait une relation privilégiée avec Marley. «Mon père est mort la nuit avant que j'aille chercher Bob à l'aéroport. J'ai raté les spectacles pour lesquels je m'étais battue pour faire la promotion», raconte-t-elle comme si c'était hier. Et quand Vivien a assisté aux funérailles de Marley en Jamaïque, c'était paradoxal, car «Bob ne croyait pas en la mort», un sujet presque tabou pour les rastas.

Vivien Goldman était aux premières loges quand le punk et le reggae ont explosé. «Chaque étape était une invention. Aujourd'hui, tout est programmé et basé sur l'image... C'est dur d'être vrai. Il y a un mystère humain, et c'est l'étincelle de la créativité.»

À Londres, Vivien Goldman a côtoyé les membres de The Slits et The Raincoats, deux des premiers groupes de filles. Plus de 35 ans plus tard, les femmes sont au sommet de l'industrie musicale, d'Adele à Cat Power, en passant par Rihanna et Florence Welch. Dans son guide annuel, Pop Montréal consacre même une page aux «ladies of Pop», dont Grimes, Austra, Julia Holter et Lisa LeBlanc.

Mission accomplie pour le féminisme rock? Pas selon Vivien Goldman. «C'est mieux, mais il y a encore du travail à faire. Il y a beaucoup de femmes musiciennes, mais peu de réalisatrices.»

Surnommée «la professeure punk», Vivien Goldman habite à New York et enseigne à la NYU. Elle parle français, ayant passé des années à Paris. Son site web (www.viviengoldman.com) rassemble les articles qu'elle rédige pour des publications comme Village Voice, le New York Times ou Billboard. Son dernier article concerne l'emprisonnement des membres de Pussy Riot en Russie.

La conférence-conversation entre Vivien Goldman et Jeannette Lee a lieu samedi, 16h15, au 3450, rue Saint-Urbain. L'entrée est gratuite!

EN RAFALE

- Grosse prise pour le promoteur Scène 1425: Death From Above 1979 sera en spectacle le 2 novembre au Studio-théâtre de la salle André-Mathieu, à Laval. Les billets sont en vente vendredi.

- Domlebo animera le 7e Gala alternatif de la musique indépendante du Québec (GAMIQ), au Théâtre Plaza, le 11 novembre. Les nominations seront dévoilées mardi prochain.

SORTIES DE LA SEMAINE

- Le treizième étage, Louis-Jean Cormier

- Miroir, Marie-Mai

- Battle Born, The Killers

- Shields, Grizzly Bear

- The Truth About Love, P!nk

- Mirage Rock, Band of Horses

- An Awesome Wave, Alt+J


- Moms, Menomena

- Y'a pas de bon silence, David Jalbert


- The Sticks, Mother Mother

- Kiss, Carly Rae Jepsen

- I Bet On Sky, Dinosaur Jr.


- The Spirit Indestructible, Nelly Furtado


- Charmer, Aimee Mann