L'histoire du rock compte plus de perdants que de gagnants. Pour un Dylan ou un Led Zeppelin, combien de génies méconnus et de grands oubliés? Combien d'échecs et de désillusions?

Malchanceux ou mal avisés, ces héros obscurs n'ont pas eu le destin qu'ils méritaient. Mais certains d'entre eux jouissent aujourd'hui d'une deuxième vie par le biais du documentaire, comme en témoigne la programmation cinéma du festival Pop Montréal, qui débute le 19 septembre.

Prenez Sixto Rodriguez, à qui est consacré le film Searching for Sugar Man (19 septembre, Centre Phi). Sorte de Bob Dylan latino, ce chanteur américain a connu un énorme succès au début des années 70... en Afrique du Sud et en Australie, où il est resté plus d'un an sur les palmarès. Mais chez lui, rien du tout.

Tout le monde le croyait mort, jusqu'à ce qu'une équipe de cinéma suédoise parte à sa recherche. Searching for Sugar Man a tellement fait jaser que Sixto Rodriguez - bien vivant a repris la route avec sa guitare. Avis aux intéressés: il sera en spectacle au Il Motore, le

26 octobre.

Ce ne sera pas le cas de Jobriath, qui est malheureusement mort du sida en 1983. Premier chanteur pop ouvertement gai, Jobriath a lancé deux albums de glam rock fulgurants au milieu des années 70, appuyé par une campagne de promotion sans précédent. Mais les attentes étaient si grandes, et le personnage si dérangeant, que sa carrière n'a jamais décollé. Une grande injustice, considérant le talent sans bornes de ce prodige musical qui aurait fait passer Freddie Mercury pour un vendeur d'assurances. Le captivant documentaire Jobriath A.D. (22 septembre, Quartiers Pop) lui redonnera peut-être la place qu'il mérite, quelque part entre Bowie et The Phantom of Paradise.

Autre prodige, Jason Becker aurait aussi mérité mieux. C'est ce qu'on apprend dans Not Dead Yet, qui raconte l'ascension rapide de ce virtuose de la guitare métal, qui n'a jamais atteint son plein potentiel. À 16 ans, Becker jouait déjà avec le futurs membres de Megadeth. À 20 ans, il remplaçait Steve Vai dans le groupe de David Lee Roth. Et puis tout s'écroule. Atteint de la maladie de Lou Gehrig, le jeune homme enregistre un dernier album avant de retourner chez ses parents, où il vit encore, confiné à son fauteuil roulant. Pas un grand film, mais l'histoire vraie d'un grand gaspillage de talent (23 septembre, Quartier Pop).

Une fiction, enfin, pour conclure la liste des oubliés: Deep End, du réalisateur allemand Jerzy Skolimowski. Réalisé en 1970, ce long métrage raconte comment un jeune employé de bains publics (John Moulder-Brown) devient obsédé par sa jolie collègue de travail (Jane Asher, mieux connue pour sa relation avec Paul McCartney dans les années 60).

Les acteurs sont ordinaires et le film a ses longueurs. Mais il est ponctué de scènes fortes et d'une puissante trame sonore (Cat Stevens, Can). Longtemps introuvable, Deep End a refait surface il y a quelques années et nous arrive en version restaurée. Original: il sera projeté dans la piscine des appartements Trylon, et on suggère d'apporter son maillot de bain!

Film Pop, du 19 au 23 septembre, dans le cadre

du festival Pop Montréal. Info: popmontréal.com