Van Dyke Parks, 67 ans, n'a pas eu de carrière sur scène. Il a préféré la réclusion de son studio, la composition, l'arrangement, l'orchestration et la réalisation d'albums ou encore la création de bandes originales pour le cinéma et la télévision. De surcroît, une vie familiale dont il souligne fièrement la réussite en entrevue comme sur scène.



Jeudi soir à la Fédération Ukrainienne, ce «musician's musician» était précédé de Clare & the Reasons, énième groupe indie basé à Brooklyn. Superbes hamonisations vocales, usage du violon, violoncelle, guitares et autres flûtes à bec, formation classique au service d'un folk de chambre très relevé. Non sans rappeler d'autres groupes forts en voix, je pense à Grizzly Bear.

La table était dressée pour l'arrivée de Van Dyke Parks.  Cet homme délicieux et d'autant plus intelligent semble surgir d'une autre époque. Pianiste impeccable dans un contexte pop, il s'accompagne magnifiquement. Sa voix nasillarde, cependant, est moins convaincante; si on se prête à la caricature, on évoquera des personnages de dessins animés. Enfin... L'homme est néanmoins charmant, manifeste un esprit vif, un humour fin, un sens aigu de l'autodérision et un sens critique qui ne ménage pas son «pays qui n'existe plus». La musique du Californien creuse le même sillon des compositeurs et arrangeurs américains des grandes époques pré-rock. Les propositions harmoniques y sont exigeantes, proches du patrimoine classique et des folklores ayant tatoué ce continent.

Au programme, des pièces et chansons tirées de son répertoire perso, Jump (créée bien avant celle de Van Halen), Orange Crate Art (créée pour Brian Wilson), l'envionnementaliste Black Gold ou encore Delta Queen Waltz, reprise instrumentale extirpée du 19e siècle. Voilà autant d'éléments qui nous plongent dans une époque de la grande musique populaire américaine en voie de réhabilitation.