Avant Dubosc il y avait Dubosc. Ou plutôt un autre Dubosc, comme nous l'explique l'humoriste français, qui remonte aux origines de lui-même dans son nouveau spectacle présenté ce week-end.

Dans Il était une fois... Franck Dubosc, vous racontez l'origine de votre personnage. Pourquoi ce retour aux sources?

La véritable raison, c'est que quand mon père est mort en 2001, j'ai eu envie d'écrire ce spectacle parce qu'il est parti en étant persuadé que j'avais honte de mes origines. Il ne devait pas se tromper complètement. Je voulais repasser tout cela en revue. J'ai écrit l'histoire de ma rupture avant, mais quand j'ai fini de jouer Romantique, je me suis dit que je devais me pencher sur le petit garçon que j'étais.

Vous aviez honte de vos origines?

Je pense que mon père savait que j'enviais ceux qui faisaient du ski, ceux qui allaient dans les grandes villes. J'avais envie d'être comme les gens à la télé, mais moi, j'étais dans mon petit HLM et ce n'était pas à la mode à l'époque de vivre dans les HLM. Ça l'est devenu maintenant, chez nous, de dire chez les artistes: «Je viens d'un milieu modeste.»

Vous racontez votre jeunesse dans votre spectacle. Beaucoup de gens aimeraient revivre leurs 20 ans. Est-ce que c'est votre cas?

Si on m'offrait de revivre ça pendant deux ou trois mois, oui. Mais sans les boutons. C'est pareil pour chacun d'entre nous! C'est tout bête, ça nous faire rire quand on s'y voit, mais ça ne nous faisait pas rire à l'époque. Avec les comédons, comme je dis... «Viens voir les comédons» (sur l'air de Viens voir les comédiens d'Aznavour). Dans mon spectacle, il y a une partie sur l'adolescence, forcément. J'ai failli ne pas la faire, parce qu'on a beaucoup vu ça, et puis non, c'est tellement propre à chacun, bien que l'adolescence n'est pas tellement propre en général... Depuis deux ans que je fais ce spectacle, moi, sur scène, Je revis 36 ans en deux heures - parce que ça va de zéro à 36 ans. C'est fabuleux. J'arrive à un moment donné sur scène avec une valise et une veste, et je dis: « Le 2 octobre 1982, j'arrive à Paris, et je vous présente la vraie veste et la vraie valise avec lesquelles je suis arrivé.» Ce que j'aime, c'est que forcément, j'ai ma petite émotion à moi, et les gens rient de me voir avec cette petite veste et cette valise pourrie. Sauf que moi, quand je suis arrivé, j'avais l'impression que c'était frime, que c'était classe... Je me revois à 19 ans, et jamais je n'aurais pu penser que je raconterais ce moment-là un jour sur scène. C'est jouissif à faire.

On a une nostalgie de l'adolescence, mais finalement, on oublie que c'est une période difficile.

Et en l'écrivant, on s'en rend encore plus compte: on peut se moquer de nous-mêmes pendant des heures et des heures. Par exemple, je raconte ma première relation sexuelle, et je fais un parallèle avec les jeunes au Vietnam.

C'était si terrible que ça?

Dans ma mémoire, j'ai la même peur. Je suis tapi dans l'ombre. Comme les types aux canons. Et il y a 30 secondes de combat...

L'adolescence est un moment marquant, au fond, parce que tout est intense, puisqu'on vit tout pour la première fois.

C'est ce que je dis! Et je dis même: Messieurs dames, il n'y a jamais de deuxième chance pour une première fois. C'est extraordinaire les premières fois. Je parle de toutes mes premières fois.

Qu'est-ce qui vous inspire le plus dans votre vie pour écrire vos numéros?

Les moments où je suis le plus pitoyable, les moments où je suis le perdant. Je ne suis pas aussi loser que je le dis dans mes spectacles, mais en même temps je m'inspire de ces réalités. Je parle du petit garçon moche que j'étais: ça peut être triste ou drôle, mais je me dis que je vais être drôle avec ça. Ce petit garçon moche faisait caca derrière le coffre à jouet, derrière le canapé. Pour ma mère, c'était un drame, mais ça fait rire le public...

Vous avez une longue histoire d'amour avec le Québec, vous êtes ici tous les ans. Racontez-nous comment cela a commencé...

C'était en 1999, au Cabaret Juste pour rire. C'est la première fois que je voyais mon nom écrit en lettres rouges sur un théâtre. Je l'ai pris en photo, je l'ai filmé, je l'ai montré à tout le monde en rentrant. Et c'est la première fois que la salle était remplie. Vous imaginez? Vous cherchez à être aimé et le premier endroit où on vous aime, c'est même pas dans votre pays! Le premier qui m'a fait confiance, c'est quand même Gilbert Rozon, un Québécois. Beaucoup de mes premières fois sont chez vous. Mon premier succès, mais pas ma première fois sexuellement, ça c'est sûr...

Il était une fois... Franck Dubosc, aujourd'hui et demain à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, 20h.