Le procès du médecin de Michael Jackson est sur le point de prendre fin à Los Angeles, où des experts parlent de manquements «inconcevables» à l'éthique médicale dans son comportement le jour de la mort de la vedette pop.

Michael Jackson serait en vie aujourd'hui si le Dr Conrad Murray n'avait pas mis 20 minutes avant d'ordonner à un gardien de sécurité d'appeler le 911 lorsque la vedette pop ne respirait plus.

C'est ce qu'ont déclaré des experts médicaux invités, cette semaine, à analyser devant la Cour le comportement du Dr Murray le jour de la mort de Jackson, le 29 juin 2009.

«Lorsqu'un patient est en observation, vous ne le quittez jamais, encore moins si vous venez de lui administrer du propofol», a dit le cardiologue Alon Steinberg, en référence au témoignage du Dr Murray, qui a affirmé avoir quitté la chambre où dormait Jackson après lui avoir administré un puissant anesthésiant.

«C'est comme laisser seul un enfant qui dort sur un comptoir de cuisine. Vous ne le feriez jamais, car il existe une petite, une très petite probabilité qu'il tombe ou qu'il attrape un couteau, etc.»

Tous les aspects du comportement du Dr Murray ont été critiqués: le fait qu'il ait administré du propofol sans avoir les équipements nécessaires à la réanimation du patient; le fait qu'il n'ait pas gardé de rapport écrit des traitements; le fait qu'il ait entrepris un massage cardiaque alors que Jackson était couché sur son lit moelleux, et non sur une surface dure, comme le plancher de la chambre.

Le temps de réponse de Murray a aussi été critiqué. Murray dit avoir trouvé Jackson «sans souffle, mais avec un faible pouls» à midi. Or, l'appel au 911 n'a été fait qu'à 12h20.

Le Dr Steinberg a noté que des ambulanciers se trouvaient à quatre minutes de la luxueuse résidence de Jackson, et que Murray n'aurait pas dû mettre plus de deux minutes avant de décider d'appeler les secours.

«À 12h06, il n'est pas trop tard, a-t-il soutenu, mercredi. Si les ambulanciers étaient arrivés au manoir à ce moment, Michael Jackson serait toujours en vie aujourd'hui.»

Selon le Dr Nader Kamanger, spécialiste du sommeil affilié à l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA), la simple utilisation par le Dr Murray du propofol comme somnifère est un «manquement grave» à l'éthique.

«En fait, cela va bien au-delà d'un manquement aux règles. Cela est du domaine de l'inconcevable», a-t-il affirmé.

«Pratiquement aveugle»

Placés sur la défensive, les avocats de Murray ont abandonné, mercredi, une pièce-clé de leur hypothèse, celle voulant que Jackson ait lui-même avalé du propofol pendant que Murray était dans une autre pièce.

La veille, la défense avait peint un portrait sombre de Michael Jackson dans les jours qui ont précédé sa mort. Le patient était «pratiquement aveugle» et «s'alimentait mal», selon les déclarations que Murray a faites aux policiers au lendemain de la mort de Jackson et qui ont été diffusés en cour, mardi.

«Il ne mange pas, il ne boit pas. Il disait que sa mère avait dû le forcer à manger pendant toute son enfance. Il n'aime pas manger. Ce qu'il mange, quand il mange, c'est surtout du poulet et du riz.»

Le Dr Murray a indiqué aux enquêteurs avoir administré du Valium, du lorazépam et du midazolam, trois sédatifs, avant de donner du propofol à son patient, qui l'en implorait.

«Je dois dormir, Dr Conrad, a dit Jackson à Murray, selon ce dernier. J'ai des entraînements à faire. Je veux être prêt pour le spectacle en Angleterre. Demain, je vais devoir annuler ma répétition si je ne suis pas capable de trouver le sommeil.»

La cour entendra, lundi, un dernier expert médical. S'il est reconnu coupable, Conrad Murray est passible de quatre années d'emprisonnement.