Le médecin légiste ayant réalisé l'autopsie du corps de Michael Jackson a battu en brèche mardi, lors du procès du médecin de la star à Los Angeles, la thèse de la défense selon laquelle le «roi de la pop» se serait auto-administré le médicament qui a provoqué sa mort.

Le témoignage du docteur Christopher Rogers, médecin légiste de l'institut médico-légal du comté de Los Angeles, était accompagné de la projection par l'accusation d'une photo choc: celle du cadavre nu de la star, allongé sur la table d'autopsie, les parties génitales barrées d'un placard noir.

La mère de l'artiste, Katherine Jackson, et sa soeur Rebbie -- seuls membres de la famille Jackson à avoir fait le déplacement mardi matin -- avaient quitté la cour avant le témoignage du docteur Rogers, échappant à la projection de la photo et à la description détaillée de l'autopsie.

Invité par le procureur David Walgren à expliquer la cause de la mort de Michael Jackson, le Dr Rogers a réaffirmé qu'elle était due à «une grave intoxication au propofol», un puissant anesthésiant que le chanteur utilisait comme somnifère et que son médecin, le Dr Conrad Murray, a reconnu lui avoir administré le matin de sa mort, le 25 juin 2009.

Interrogé ensuite sur les raisons qui l'avaient conduit à qualifier la mort de la star d'homicide, le Dr Rogers a affirmé que «les circonstances ne peuvent appuyer l'auto-administration» du propofol, réfutant ainsi la thèse de la défense, qui assure que le chanteur a pris une dose supplémentaire de l'anesthésiant en l'absence de son médecin.

«Le Dr Murray a dit qu'il avait quitté la chambre de Michael Jackson pendant deux minutes après lui avoir administré le propofol et qu'à son retour il ne respirait plus», a rappelé le Dr Rogers.

Pour s'auto-administrer une dose, «il aurait fallu que Michael Jackson se lève, alors qu'il était déjà sous l'influence du propofol, qu'il ait été capable de se l'administrer, que le propofol fasse son effet, et qu'il arrête de respirer, tout cela en deux minutes», a-t-il déclaré.

Cette hypothèse lui semble «moins probable» qu'une erreur du Dr Murray dans le dosage de l'anesthésiant. «Pour faire dormir Michael Jackson, il aurait dû lui donner, à intervalles réguliers, (l'équivalent de) deux ou trois cuillers à soupe de propofol par heure». Or, selon lui, il n'y avait dans la chambre aucun appareil de dosage exact. «Le Dr Murray n'a pu qu'estimer combien de propofol il devait administrer».

Selon le Dr Rogers, la qualification d'homicide se justifiait également par le fait que le propofol «n'est pas le médicament approprié» pour traiter l'insomnie, eu égards aux risques encourus.

Il a également souligné que le traitement avait lieu au domicile du chanteur, un lieu inapproprié où l'on ne trouve pas les équipements nécessaires pour parer à un problème grave, notamment de quoi «réanimer M. Jackson s'il cessait de respirer».

Interrogé sur l'état de santé général du «roi de la pop», M. Rogers a affirmé qu'il était «en meilleure santé que la moyenne des personnes de son âge». Il a notamment observé qu'à 50 ans, le chanteur n'avait pas de cholestérol et que ses artères étaient propres.

Il a néanmoins confirmé que la star avait la «prostate gonflée», preuve qu'il avait «des difficultés à uriner», et qu'il souffrait de «vitiligo, une maladie de la peau» caractérisée par une dépigmentation de la peau.

Le contre-interrogatoire du Dr Rogers par la défense était attendu dans l'après-midi.

Dans la matinée, dans l'enregistrement de l'interrogatoire du Dr Murray par la police deux jours après la mort de la star, le praticien avait révélé que le chanteur était pratiquement aveugle et qu'il avait d'énormes difficultés pour uriner. Sa vue «était très, très mauvaise. On peut dire qu'il était aveugle».

Poursuivi pour homicide involontaire, le Dr Murray risque jusqu'à quatre ans de prison.