La vie privée de Michael Jackson, raillé ou admiré de son vivant pour ses excentricités, s'étale au grand jour à l'occasion du procès de son médecin, révélant ses goûts, ses ambitions, ses faiblesses et sa santé précaire, ainsi que son amour pour ses trois enfants.

Diffusé intégralement à la télévision et sur l'internet, le procès de Conrad Murray, qui a débuté mardi à Los Angeles, offre aux admirateurs et curieux du monde entier une occasion sans précédent de plonger dans le quotidien de la vedette, décédée brutalement le 25 juin 2009, à 50 ans, d'une surdose de médicaments.

Dès mardi, à travers quelques clichés présentés par le procureur, on découvrait l'intérieur du manoir de la vedette à Los Angeles, ses moulures et ses panneaux de bois sombre.

Dans la chambre du «roi de la pop», pas d'icônes du design contemporain, mais des dorures, des meubles de style, du satin rose, des abat-jour à franges, une tête de lit rococo et un tapis persan.

C'est dans cet environnement qu'évoluaient le chanteur et ses enfants Paris, Prince et Blanket, et «c'était un foyer heureux» a assuré à la barre la cuisinière personnelle de la vedette, Kai Chase, qui préparait chaque matin son jus préféré -- betterave, céleri, carotte et pomme verte.

Michael Jackson «chérissait le temps passé avec ses enfants» et «aimait dîner avec eux» à 12h30 pile, comme il le fit la veille de sa mort, devant une salade niçoise au thon frais. «Manger sainement était important pour lui et pour ses enfants», a-t-elle précisé.

Le 25 juin 2009 à midi, Kai Chase préparait «une salade d'épinards aux filets de dinde bio. Les enfants jouaient, il y avait de la musique et tout le monde s'amusait», a-t-elle dit.

Mais au premier étage, le «roi de la pop» rendait son dernier soupir dans son lit, victime d'une surdose de médicaments.

Car s'il se nourrissait bio le jour, Michael Jackson passait ses nuits avec son médecin relié à un pied à perfusion, recevant en intraveineuse des médicaments qui n'avaient rien à faire chez un particulier. Comme le puissant anesthésiant propofol, qu'il utilisait comme somnifère et qui causera sa mort.

Malgré les affirmations contraires du docteur Murray, la santé de Michael Jackson était chancelante.

Kenny Ortega, complice artistique depuis la tournée «Dangerous» en 1992 et co-directeur des concerts que devait donner la vedette à Londres, a décrit à la barre sa «profonde inquiétude», quand il vit apparaître l'artiste quelques semaines avant sa mort, «frissonnant, perdu et incohérent».

«Je ne l'avais jamais vu comme ça», a-t-il assuré. «Il n'avait pas l'air stable, ni physiquement, ni psychologiquement. Il était comme un gamin perdu».

Sa garde rapprochée a raconté les visites quasi quotidiennes à son dermatologue Arnold Klein, à Beverly Hills, au sortir desquelles il parlait lentement et paraissait comme sonné, groggy. «Vous devez penser que je suis fou, d'aller là-bas tous les jours», dira-t-il un jour à son chauffeur.

Ses proches ont aussi décrit les sorties en convoi -- la voiture de Michael Jackson était toujours précédée d'un autre véhicule -- ou les admirateurs faisant le pied de grue devant le manoir, à minuit bien sonné, des cadeaux plein les bras.

Selon son assistant personnel Michael Amir Williams, le «roi de la pop» avait toujours un mot pour ses admirateurs. La veille de sa mort, il avait «baissé sa vitre et leur avait dit quelques mots».

Dans un message audio qui a commotionné le tribunal, dans lequel le chanteur peut à peine articuler sous l'effet des médicaments, c'est encore à ses admirateurs qu'il pense. Et son ambition, contrairement à sa santé, est intacte.

«Il faut que ce soit phénoménal», dit-il. «Quand les gens sortiront du spectacle, je veux qu'ils disent: "Je n'ai jamais vu ça de ma vie, c'est extraordinaire. C'est le plus grand artiste du monde"».