Ex Machina a toujours fait l'effort de renouveler, année après année, une partie du contenu de son Moulin à images. Histoire de lui insuffler encore plus de vie et de nouveauté, cette année, la compagnie dirigée par Robert Lepage en propose une version revue et bonifiée par la technologie 3D.

Gigantesque projection son et lumière à mi-chemin entre l'installation urbaine et le film d'art, le Moulin à images raconte en accéléré l'histoire de la Vieille Capitale, de sa fondation par Champlain à nos jours. Créée en 2008, à l'occasion du 400e de Québec, l'oeuvre se déploie toujours sur les silos de la Bunge, aux abords du bassin Louise.

Pour qui n'a vu que la version inaugurale, qui vient tout juste de faire l'objet d'un DVD, la version 2011 constitue une proposition presque neuve. Les scènes clés demeurent, tout comme le découpage en chapitres, mais le contenu a beaucoup changé. Plus on se rapproche de l'époque contemporaine, plus les différences sont marquées.

Soucieux, sans doute, de s'inscrire dans le temps présent (ou presque), les créateurs ont intégré, par exemple, des images du fil-de-fériste qui a traversé la place d'Youville en 2009. Le chapitre final insiste aussi sur le contraste entre le caractère administratif de capitale nationale et son côté plus festif, illustré par les arts du cirque et les divertissements de grande envergure comme le Festival international d'été.

Et le 3D? Il ajoute un je ne sais quoi à l'expérience. De la profondeur dans ces tableaux marins évoquant les gravures anciennes, par exemple, ou un peu de magie dans une scène d'hiver où les flocons semblent tomber directement dans l'eau du bassin Louise. L'usage fait de la technologie 3D n'a rien de révolutionnaire, seulement un brin de magie supplémentaire.

Ce petit plus a aussi des inconvénients. Vue à travers les traditionnelles lunettes avec un oeil rouge et un vert, l'oeuvre s'avère plus sombre. Il suffit de les déchausser un petit moment pour constater à quel point les couleurs, magnifiques et éclatantes à l'oeil nu, perdent du lustre.

Il reste que, en 3D ou non, la force de cette oeuvre, outre la beauté des images, c'est son montage, qui en fait un véritable bijou sur le plan narratif. Les raccords ne sont pas seulement pertinents, ils sont souvent inventifs, et soutenus par une trame sonore prenante. Ex Machina signe ainsi une oeuvre qu'on a grand plaisir à redécouvrir.

Jusqu'au 3 septembre, devant les quais du Vieux-Port de Québec.