Pour rendre justice à l'incroyable spectacle du groupe Galaxie, qui couronnait le spectacle marquant le 10e anniversaire de l'étiquette de disque indépendante C4 samedi, il faut absolument citer intégralement et fidèlement ce commentaire extatique d'un spectateur : « Ça rocke en tabarnak ».  Oh que oui! Disons que, sur ce gâteau de fête rock, les bougies étaient en fait des bâtons de dynamite.

Le groupe de super-musiciens mené par Olivier Langevin a offert samedi soir un des spectacles les plus forts, dans tous les sens du terme, jamais entendus au Métropolis, ces dernières années : Galaxie (ex-Galaxie 500) explosait, en un Big Bang musical hallucinant, frénétique, survolté, physique au maximum, avec des riffs, des solos, des délires contrôlés (oui, c'est possible), de la  démesure sonore, tout ça pendant près de deux heures non stop. Ceux qui trouvaient le troisième (et excellent) album Tigre et diesel de Galaxie « un peu petit trop dance, moins rock sale » -  et tous les autres qui aiment l'évolution du groupe- ont dansé comme des malades, fait du « headbanging » en masse, senti le rock leur traverser le corps de bord en bord (merci, plancher en bois du Métropolis). À ces morceaux incroyablement charnels, Galaxie avait greffé une bonne partie des chansons de son deuxième album (2006) et disons que tout ça se mêlait parfaitement. S'il y a toutefois un mélange qui n'est pas encore au point, c'est le « mix » hommes-femmes sur la scène : on n'a pas ici la place voulue pour expliquer le léger malaise, et ce n'est pas parce que les deux chanteuses (Audrey-Michèle Simard et Myëlle) manquent de voix ou de présence, mais la soudure ne tient pas parfaitement sur scène. Remarquez, ça ne changeait rien à la portée du spectacle, incroyablement mordant, incisif, décapant, vraiment vraiment fort, on le répète.

Surtout que les groupes précédant Galaxie avaient mis la barre assez haute. D'abord, les gars des groupes Band de garage et Les Dales Hawerchuk jouant ensemble, qui ont offert un rock franchement jouissif, une manière de métal hurlant, mais sans cheveux longs, avec des tounes de 2 minutes max parce que sinon c'est du temps perdu, tounes qui sonnaient comme autant de tonnes d'uranium sans eau de refroidissement. « En fait, m'a expliqué une de mes voisines, c'est du heavy métal, mais en version cuisine moléculaire! » Euh, dans le sens de? « Dans le sens que tout est net, précis, et que tout se joue sur la chimie entre les sons, c'est pas juste du volume pour du volume... » Où peut-on avoir de telles conversations, à part dans des shows de rock exalté, je vous le demande?

Quoi qu'il en soit, il a fallu que Gatineau, après ça, bataille un peu pour prendre sa place. Ça tombe bien, Séba a échappé aux médicaments quand il était petit, et son énergie féroce a fini par contaminer tout le monde, avec le soutien de trois claviéristes fous par moments (dont l'extraordinaire Martin Lizotte), des références aussi bien à Rush, RBO que The Phantom of The Opera et une bonne partie des solides morceaux de l'album Karaoké King...

Bref, tout un anniversaire pour une étiquette de disque exemplaire, et on a déjà hâte au spectacle de son 15e. Une petite remarque, toutefois, pour finir : ça aurait été cool de faire jouer, entre les prestations, des extraits d'albums de l'étiquette C4 plutôt que d'artistes en vedette aux Francos. On aurait alors pu entendre Karkwa (le tout premier album), Fred Fortin, Mononc' Serge et autres preuves que cette maison de disque est indispensable aux adeptes de musique québécoise non consensuelle. Bonne fête, C4, longue vie.