Le Quatuor à cordes Afiara, formé de jeunes musiciens canadiens et fixé pour l'instant à New York, a remporté des prix importants, notamment à Munich et à Banff, et a reçu de très bonnes critiques un peu partout. J'ai moi-même titré «de très haut niveau» à son sujet lors de son premier passage au Festival de musique de chambre de Denis Brott.

Son retour, mercredi soir, l'a trouvé à un niveau nettement plus bas. Son programme précédent était partagé entre Haydn et Berg. Cette fois, il s'aventurait dans un univers beaucoup plus vaste, beaucoup plus complexe et beaucoup plus exigeant à tous égards: trois oeuvres de Beethoven iIlustrant autant d'étapes différentes dans l'évolution du compositeur face à cette discipline très particulière qu'est le quatuor à cordes.

En comparaison de ses prestations passées, ce que le Afiara nous a donné mercredi appartient au genre qu'on retrouve dans les exercices publics de conservatoire. Le premier-violon était faible et a manqué de justesse une bonne partie du temps. Le second-violon était meilleur; il devrait alterner avec son voisin, comme cela se fait dans bien des quatuors. L'alto était bon et le violoncelle s'est révélé le plus solide des quatre, ce qui créait au sein de l'ensemble un sérieux déséquilibre.

Avant tout, il manquait à ces lectures routinières une pensée collective forte et constante, un engagement de tous les coéquipiers, une authentique vitalité rythmique, une grande sonorité de quatuor, puissante et souple à la fois - en somme, il manquait l'essentiel.

De toute évidence, un inexplicable mauvais soir chez un groupe dont on avait gardé le meilleur souvenir. Le Afiara ouvrait cette semaine l'intégrale des Quatuors de Beethoven inscrite cette année au Festival, et qui se poursuit mardi et mercredi prochains avec le Tokyo.

QUATUOR À CORDES AFIARA -

Valerie Li et Yuri Cho (violons), David Samuel (alto) et Adrian Fung (violoncelle). Mercredi soir, St. George's Anglican Church. Dans le cadre du 16e Festival de musique de chambre de Montréal.

Programme consacré à Ludwig van Beethoven (1770-1827):

Quatuor no 3, en ré majeur, op. 18 no 3 (1798)

Quatuor no 7, en fa majeur, op. 59 no 1 (1806)

Quatuor no 14, en do dièse mineur, op. 131 (1826)