Deux oeuvres seulement, jeudi soir, au troisième et avant-dernier programme de l'intégrale des Symphonies de Beethoven de Jean-Philippe Tremblay et son Orchestre de la Francophonie canadienne: la descriptive Pastorale et la dionysiaque Septième.    

Première observation en entrant à Pierre-Mercure: l'auditoire a plus que doublé depuis le début, soit 450 personnes contre 200 le premier soir (j'étais à un autre concert le deuxième soir). Cette heureuse surprise s'accompagne d'une autre: Tremblay a calmé ses inutiles ardeurs du premier soir et aborde la Pastorale avec la sérénité du voyageur arrivant à la campagne, comme l'indique Beethoven en tête de sa partition. Rien n'est précipité, tout se déroule avec naturel, et l'enchantement se prolonge dans une Scène au ruisseau d'un tempo très allant, tel que prescrit.

De même, la fête paysanne est traduite avec une rusticité très marquée et très vraie, mais sans excès, et les grondements des contrebasses annoncent avec un égal réalisme l'orage dont la force explosive rappelle Toscanini. Les problèmes des cors et des bois ne diminuent pas le plaisir que nous a procuré ce poème symphonique avant la lettre.

Comme dans la Pastorale, Tremblay ouvre la septième Symphonie en répétant l'exposition du premier mouvement, accentuant ainsi le caractère électrisant de cette fête du rythme menée avec une énergie extrême mais jamais excessive. ll prend même le temps de souligner les nuances de dynamique dans l'Allegretto qui tient lieu de mouvement lent.

La disposition des deux groupes de violons à gauche et à droite souligne leurs dialogues et la nouvelle édition Bärenreiter, utilisée pour cette intégrale, découvre des harmonies différentes des éditions traditionnelles. L'exécution n'est pas absolument parfaite - on note même quelques entrées ratées - mais cette Septième reste captivante, comme l'avait été la Pastorale.

L'ovation provoque un rappel : de Mozart, une ouverture des Nozze di Figaro aussi précise que pleine d'esprit.