Les enfants prodigues de la scène rock indie québécoise revenaient en ville, hier soir, pour donner un concert rien de moins que triomphal, si on en juge par l'accueil qui a été réservé aux quatre musiciens de Malajube.

Au vu du concert que le quartet chéri a donné, l'album Labyrinthe, lancé il y a près de six mois, a été parfaitement assimilé aux répertoires déjà maîtrisé par les musiciens. Précision d'exécution, changements de rythmes effectués sur un dix sous, intensité des décharges rock, Malajube sur une scène donne une performance essoufflante et pertinente.

Le groupe avait visiblement ses derniers mois de tournée dans le corps lorsqu'il a pris d'assaut la scène du Métropolis, après le spectacle sale et pesant qu'ont offert les Dales Hawerchuck, musiciens qui prennent du galon à chaque concert bien qu'ils semblent avoir du mal à doser leur énergie d'une chanson à l'autre, détail qui ne gâche cependant pas le plaisir qu'on prend à recevoir en pleine poire leur répertoire.

Ainsi, après avoir sillonné les routes d'Europe au cours des mois de mai et juin (et aussi après une escale en Louisiane), Malajube rentrait à la maison avec encore assez de jus pour soulever le toit du Métropolis. Fidèle à lui-même, le groupe Malajube a joué à la chaîne ses compositions sans vraiment prendre le temps de saluer son public, condensant une vingtaine de chansons en moins de 80 minutes, deux rappels inclus.

Bien sûr, nous en aurions pris davantage, mais à voir le parterre se démener aux pieds du chanteur et guitariste Julien Mineau, il est permis de se demander si certains n'auraient pas été quittes à sortir en civière. Les claviers aux relents de prog rock de Thomas Augustin survolaient la section rythmique, terriblement efficace, du groupe. Crispé derrière son micro, tenant près de lui sa guitare, Mineau avait cette aura de mystère et de confiance qui fait de lui ce frontman inimitable, lui-même porté par le jeu de ses confrères.

Pigeant dans le meilleur de sa courte discographie, Malajube a offert des versions abrasives de ses chansons, certaines franchement étonnantes - la relecture d'Étienne d'août aux deux tiers de la soirée, un des rares moments de répit dans ce feu roulant, s'est avérée à la fois minimaliste et rafraîchissante, alors que la batterie de Francis Mineau donnait un «swing» différent, moins contrit, à la chanson.

Des moments forts, on retient Porté Disparu, troisième de la soirée, jubilatoire salve à la structure captivante, l'enfilade des Pâte Filo, Montréal -40ºC et Dragon de glace.

Le public, lui, s'est gavé durant ce concert, la meilleure performance rock qu'il nous ait été donné d'entendre depuis le début de ces Francos.