La galerie Pierre-François Ouellette art contemporain propose jusqu'à samedi une exposition intitulée Mémoire pour le futur qui se penche sur le contexte et le contenu en art contemporain à l'aide d'oeuvres d'artistes-solistes apparentés. Une sorte de concertino de contenus artistiques.

Le commissaire et coordonnateur de la galerie, Edward Maloney, a choisi des oeuvres évoquant le passé et le futur. « On jette un regard sur leur façon de travailler pour voir comment ils utilisent leur technique pour créer des oeuvres dans le futur, dit-il. C'est aussi un dialogue entre artistes. »

L'exposition met en vedette des virtuoses aux univers variés. Des Inuits Shuvenai Ashoona et Annie Pootoogook aux Taïwanais d'origine Ed Pien et Chih-Chien Wang, en passant par Alexandre Castonguay, Adad Hannah, Dil Hildebrand, Maskull Lasserre ou John Latour, on découvre combien l'environnement influence l'art.

L'atelier de Dil Hildebrand, par exemple. L'artiste d'origine manitobaine, qui s'est installé à Montréal, s'inspire de photos de son espace de travail pour peindre. Avec la toile Folder, on retrouve l'esprit de sa dernière expo solo et un côté abstrait plus prononcé qu'auparavant.

Adad Hannah a utilisé une photo de sa série Traces dont il a extrait deux paires de mains, l'une jeune, l'autre ridée. Une vieille paluche presse un jeune poignet. Les deux protagonistes se disputent une photo en noir et blanc. Ce qui pourrait être un lien d'affection s'avère d'une grande violence.

En attendant de voir son exposition l'hiver prochain au même endroit, on peut admirer une création de Maskull Lasserre, Emergency-G. Une barre de xylophone est insérée dans un boîtier ressemblant à ceux qui contiennent un bouton sur lequel appuyer en cas d'incendie. Tout y est : la vitre, le marteau et le symbole « incendie » devenu note de musique. Ici aussi, le thème de la violence est présent, allié cette fois-ci à l'amour des harmonies et partitions.

Le lien à la musique est aussi traité par Alexandre Castonguay, artiste des nouveaux médias, et son oeuvre Cube : un redéploiement virtuel sur une même horizontale d'une image à 360º prise dans un studio d'enregistrement de Graz, en Autriche. En « pliant » les quatre côtés de la salle d'enregistrement, on pourrait reconstituer un cube. OEuvre fascinante dans ses détails sur les instruments, les ordinateurs et les accessoires du studio.

L'expo contient aussi quatre dessins d'encre sur papier shoji d'Ed Pien, avec la signature fantastique de cet artiste qui manie à merveille la technique du pochoir sur du papier translucide finement découpé.

Les quatre toiles de Shuvenai Ashoona et Annie Pootoogook (prix Sobey 2006) nous font également pénétrer dans la tradition artistique et sociale des Inuits de Cape Dorset.

S'ajoute aux oeuvres murales une vidéo de 40 minutes de Chih-Chien Wang réalisée à Buenos Aires. Une expérience plaisante et poétique sur le principe d'acquisition d'un environnement par un groupe de personnes.

Parallèlement, la galerie expose le résultat d'un projet de recherche collaborative faite par Felicity Tayler avec le Centre de recherche urbaine de Montréal et la bibliothèque privée du couple Pelinger, à San Francisco, spécialisée dans la conservation de documents ésotériques, industriels ou originaux délaissés par les bibliothèques publiques.

Petite enveloppe urbaine No. 19 : Amanuensis découle des réponses obtenues par Felicity Tayler aux questions « automatiques » posées par une cinquantaine de personnes du monde entier au couple Pelinger. Une création autant artistique qu'expérimentale et intellectuelle. André Breton n'est pas loin...

Mémoire pour le futur, à la galerie Pierre-François Ouellette art contemporain,  372, rue Sainte-Catherine Ouest, suite 216, jusqu'au 27 août.