Alberto Giacometti est célébré par une rétrospective exceptionnelle au Musée national des beaux-arts du Québec, jusqu'au 13 mai. Découvrez dix oeuvres emblématiques du sculpteur suisse exposées à Québec.

Le couple

Sculpture de 1927, en plâtre, 60,4 cm x 37,7 cm x 18 cm, Fondation Giacometti, Paris 

D'inspiration africaine, les deux figures ressemblent à des stèles. Avec des mains schématisées pour l'homme et la femme et des correspondances mutuelles: l'oeil en amande de l'homme est en conformité avec le sexe féminin, tandis que le sexe masculin a la même forme que l'oeil unique de la femme. Le couple fut exposé au Salon de l'Escalier, à Paris, en 1928.

Femme cuillère

Sculpture de 1927, en plâtre, 146,5 cm x 51,6 cm x 21,5 cm, Fondation Giacometti, Paris 

Figure féminine en vue frontale schématisée, inspirée de l'art africain (les cuillères de cérémonie dan, de Côte d'Ivoire) et de l'univers métaphysique dans lequel baignait Giacometti. L'oeuvre est typique de son art de la synthèse. Exposée pour la première fois au Salon des Tuileries, à Paris, en 1927, elle avait été placée à côté de la sculpture Oiseau dans l'espace, de Constantin Brancusi.

Femme couchée qui rêve

Sculpture créée en 1929, en bronze, 23,7 cm x 42,6 cm x 23,6 cm, Fondation Giacometti, Paris. 

Cette oeuvre de jeunesse de Giacometti est un hommage senti à Jacques Lipchitz, pour lequel il avait un grand respect. Elle évoque structurellement l'oeuvre Nu couché avec guitare du sculpteur cubiste français, réalisée l'année précédente. Avec ses deux surfaces ondulantes, Femme couchée qui rêve révèle le côté humoristique de l'artiste suisse, car elle a été plutôt commentée comme figurant l'acte d'amour de deux personnages couchés l'un sur l'autre.

Objet désagréable

Bronze de 1931, 15,1 cm x 47,9 cm x 11,8 cm. 

Voici une des sculptures les plus évocatrices et les plus ambiguës d'Alberto Giacometti. Conçu durant une période consacrée à la création d'oeuvres plutôt étranges, souvent érotiques, voire violentes, Objet désagréable peut rappeler une gousse végétale, une aubergine, un objet rituel africain ou un godemiché hérissé de pointes. Un objet à sens multiple qui illustre combien l'adhésion de l'artiste au mouvement surréaliste l'a inspiré.

Boule suspendue

Sculpture surréaliste de 1930-1931 (version de 1965), en plâtre, métal peint et ficelle, 60,6 cm x 35,6 cm x 36,1 cm, Fondation Giacometti, Paris 

Exposée pour la première fois en avril 1930 à la galerie Pierre, à Paris, en même temps que les créations récentes de Joan Miró et Jean Arp, Boule suspendue est une sculpture à connotation sexuelle encensée par le poète Paul Éluard et le peintre Salvador Dalí. Ce dernier la rangea dans la classe des «objets à fonctionnement symbolique» du surréalisme. Elle est à l'origine de la rencontre de Giacometti avec André Breton, le théoricien du surréalisme. Et elle a fait passer Giacometti du statut de jeune artiste d'avant-garde à sculpteur collectionné.

Femme qui marche I

Sculpture en bronze de 1932, 150 cm x 27,5 cm x 37,5 cm, Fondation Giacometti, Paris 

Dans sa quête de représentation de la figure féminine, Alberto Giacometti réalise cette sculpture symbolique d'une femme élancée et dynamique, sans bras ni tête, en s'inspirant de l'art antique. Femme qui marche 1 annonce la lignée des personnages filiformes de l'artiste suisse, qui reviendront ensuite régulièrement dans ses phases de production. Mais l'inspiration des korês grecques s'atténuera et fera place à un modelage particulier de la matière et un fini dans lequel certains verront les traits de la condition humaine.

Photo fournie par le Musée national des beaux-arts du Québec

Le couple. Sculpture de 1927, en plâtre, 60,4 cm x 37,7 cm x 18 cm, Fondation Giacometti, Paris

Tête d'Isabel (L'Égyptienne)

Plâtre de 1936, 30,3 cm x 23,5 cm x 21,9 cm, Fondation Giacometti, Paris 

Sculpté après la rupture d'Alberto Giacometti avec le courant surréaliste parisien, Tête d'Isabel (L'Égyptienne) représente l'étudiante anglaise Isabel Nicholas, que l'artiste avait rencontrée l'année précédente. L'oeuvre rappelle le toucher d'Auguste Rodin, mais aussi le buste en calcaire peint de Néfertiti, l'épouse royale du pharaon Akhenaton, exposé au Musée du Louvre.

Le nez

Bronze de 1947, 80,9 cm x 70,5 cm x 40,6 cm, Fondation Giacometti, Paris 

Sculpture plutôt théâtrale qui marque une période durant laquelle Alberto Giacometti a flirté de nouveau avec l'imaginaire surréaliste, ayant notamment collaboré à la revue Labyrinthe. Mais pour la directrice de la Fondation Giacometti, la commissaire Catherine Grenier, Le nez semble plutôt relié à un «univers mental proche de celui de Samuel Beckett», écrivain, poète et dramaturge irlandais établi à Paris avec lequel l'artiste suisse avait tissé des liens.

Isaku Yanaihara

Huile sur toile de 1956, 81,4 cm x 65,2 cm, Fondation Giacometti, Paris 

La peinture de droite a été réalisée un an après la rencontre d'Alberto Giacometti avec l'étudiant en philosophie japonais Isaku Yanaihara. Ils eurent ensemble un grand nombre de séances de pose épiques, discutant de tous les sujets, le jeune homme devant souvent supporter le tempérament changeant de l'artiste! Mais l'universitaire prit la chose du bon côté et l'artiste avoua apprécier beaucoup ce modèle qui ne bougeait jamais. «C'est une pierre!», disait Alberto Giacometti.

Buste d'Annette VIII

Bronze de 1962, 59 cm x 28,7 cm x 22,8 cm, Fondation Giacometti, Paris 

Cette sculpture reflète une période durant laquelle Alberto Giacometti passe de longues séances avec les modèles qui posent pour lui: son frère Diego, sa femme Annette et sa maîtresse Caroline. En 1962, sa réputation est à son paroxysme. La Tate Gallery de Londres lui propose une exposition. Il reçoit deux prix internationaux. Mais il est hanté par l'échec de la commande de la Chase Manhattan Plaza et demeure un éternel insatisfait. Et pourtant...

Photo Yan Doublet, le soleil 

Femme cuillère. Sculpture de 1927, en plâtre, 146,5 cm x 51,6 cm x 21,5 cm, Fondation Giacometti, Paris