L'année 2017 aura été intense pour Jean-Robert Drouillard avec trois projets d'art public, une expo à Sherbrooke et la préparation d'une autre présentée actuellement à la galerie Art mûr, à Montréal. Mais ce sculpteur qui chante deviendra un chanteur qui sculpte en 2018. Il donnera, en mars, trois concerts en France et prévoit lancer son deuxième disque à la fin de l'année.

Sculpteur contemporain épris de culture populaire, Jean-Robert Drouillard est un passionné... et un gros travailleur. L'an dernier, il a achevé trois projets d'art public: un à Québec, un à Cap-Tourmente et un à Montréal, où son installation offerte par la Ville de Québec pour les 375 ans de la métropole a été scellée à l'angle du boulevard Pie-IX et de la rue Sherbrooke.

L'artiste de 47 ans a encadré des jeunes de Beauport pendant plusieurs mois, ce qui l'a mené à exposer ses sculptures en bois massif au Musée des beaux-arts de Sherbrooke (MBAS). Enfin, il a concocté une expo solo plutôt expérimentale, actuellement présentée à la galerie Art mûr.

«Professionnellement, cela aura été une de mes plus grosses années», dit-il. 

Si au MBAS, Drouillard présentait des statues très réalistes, ses sculptures en plâtre exposées chez Art mûr font penser à des ébauches. Utilisant la matrice d'une sculpture de son installation pour le 375e anniversaire de Montréal (qui représente un ado dont le modèle est son fils Cédric), Drouillard en a fait faire neuf moules par un assistant, l'automne dernier.

«Je lui ai dit que ce n'était pas grave s'il y avait des erreurs, dit Drouillard. Et comme j'étais en plein déménagement, j'ai récupéré des objets et j'ai improvisé.»

Il en découle sept sculptures en plâtre de 1,40 m de hauteur. L'ado est, dans un cas, pourvu de cornes de bovin. Dans les autres cas, sa tête a été remplacée par celle d'un coyote; par des cônes de céramique qui, assemblés, font penser à un oursin; par une tête minuscule qui donne à la sculpture une allure monstrueuse, ou encore par des pommes de pin et la ramure d'un cerf, affirmant là toute la symbolique laurentienne de Jean-Robert Drouillard. 

Emballer pour ne pas séduire

Le titre de l'expo, Les silhouettes emballées, provient d'une idée qui lui est venue d'aller à l'encontre de la séduction. Il l'a incarnée, avec un certain goût de la provocation, en enveloppant deux de ses anciennes sculptures... avec des couvertures.

«Dans mon travail, j'essaie d'installer des présences dans l'espace. Parfois, elles sont ambiguës, mais, malgré leurs défauts, elles sont généralement fortes.» 

Afin que le visiteur comprenne bien que ce n'est pas le galeriste qui a posé des couvertures sur les statues, Drouillard a ajouté de grandes photos des deux silhouettes emballées qui suggèrent plusieurs interprétations.

Sont-ce des oeuvres prêtes à être transportées? Une allusion aux habits de femmes musulmanes? Des mannequins au prêt-à-porter spectaculaire? Ou ces couvertures rappellent-elles celles jetées sur les épaules des migrants africains quand ils débarquent, frigorifiés, sur les berges des pays européens? À vous de juger!

Enfin, Jean-Robert Drouillard a rapatrié dans la galerie Coeur de plume, l'ange qu'il avait placé au sommet d'un sapin du marché de Noël, sur l'Esplanade de la Place des Arts, en décembre dernier. Un ange inspiré de celui du film Les ailes du désir, de Wim Wenders, et que lui a commandé La Tribu, agence d'artistes et producteur de spectacles qui travaille aussi dans l'événementiel.

Photo Jean-François Leblanc, fournie par Jean-Robert Drouillard

Jean-Robert Drouillard et ses musiciens en concert aux Francouvertes, l'an dernier

«Suzie Larivée, de La Tribu, adore les arts visuels et c'est elle qui m'a proposé l'idée», dit Jean-Robert Drouillard. Ça tombait bien : Suzie Larivée travaille actuellement avec Drouillard, plus exactement Juste Robert, la doublure musicale et poétique du sculpteur! 

En effet, après un premier disque sorti en 2016 chez une maison de disques de Québec, Juste Robert répétera l'expérience à la fin de cette année avec La Tribu. 

«Nous réfléchissons ensemble à son projet chanson et à la forme qu'il prendra», dit Suzie Larivée à La Presse

Un beau projet pour Juste Robert qui devrait signer avec La Tribu, qui réunit du bien du beau monde comme Les Cowboys Fringants, Robert Charlebois, Dumas, Jérôme Minière ou Martin Léon. 

Concerts en France

Tout marche donc comme sur des roulettes pour Jean-Robert Drouillard. Fin mars, il se produira en France, dans le cadre du festival Aah! Les déferlantes, à Portes-lès-Valence, dans la Drôme. «Je vais chanter sur le site du Palais idéal du facteur Cheval», se réjouit l'artiste qui se produira près de ce palais construit pierre par pierre, de 1879 à 1912, par un facteur français nommé Ferdinand Cheval.

«J'aurai trois soirs de spectacles intimes, seul avec ma guitare», dit-il.

Sans compter que l'été prochain, il fera partie de l'exposition Fait main/Hand made réalisée par le Musée national des beaux-arts du Québec. Un déploiement d'art sur les gestes liés à des pratiques populaires qui réunira quelque 30 artistes canadiens. Ajoutez à ça deux projets d'art public dont un pour la bibliothèque d'Arvida, et vous avez une autre année bien chargée pour cet artiste qui poursuit son chemin sur les chapeaux de roues.

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Des silhouettes emballées, de Jean-Robert Drouillard, à la galerie Art mûr jusqu'au 24 février.

Photo Martin Tremblay, La Presse

L'installation sculpturale de Jean-Robert Drouillard Le contour des conifères dans la nuit bleue, et les étoiles derrière ma tête sont dans tes yeux est le cadeau de la Ville de Québec à Montréal pour ses 375 ans, intégré à l'angle de Pie-IX et Sherbrooke, près du Stade olympique.