La Maison-Blanche voulait emprunter au Guggenheim un tableau de Van Gogh, le musée new-yorkais lui a proposé plutôt des toilettes en or, de l'artiste iconoclaste Maurizio Cattelan, dans un pied de nez de la conservatrice de l'institution.

Dans un courriel envoyé mi-septembre, la directrice artistique et conservatrice du Guggenheim, Nancy Spector, a décliné la demande de prêt du Paysage enneigé (1888) du peintre néerlandais, a indiqué le Guggenheim au Washington Post.

Nancy Spector a fait valoir que la toile allait être exposée au Guggenheim Bilbao, avant de revenir à New York et d'y rester «dans un avenir prévisible».

Elle a proposé, à la place, les toilettes en or massif conçues par Maurizio Cattelan, exposées au Guggenheim de septembre 2016 à l'été 2017.

L'oeuvre, intitulée America, qui comprend siège, cuvette et chasse d'eau opérationnels, a été utilisée par quelque 100 000 personnes pendant son exposition au musée, situé face à Central Park.

L'artiste «voudrait l'offrir à la Maison-Blanche moyennant un prêt à long terme», écrivait la directrice artistique du Guggenheim, selon le Washington Post. «Elle est, bien sûr, d'une valeur exceptionnelle et assez fragile, mais nous vous fournirions toutes les instructions pour l'installation et l'entretien.»

«Nous sommes désolés de ne pouvoir satisfaire votre demande initiale», concluait-elle, «mais nous gardons l'espoir que cette offre exceptionnelle puisse vous intéresser.»

La conservatrice a critiqué publiquement Donald Trump à plusieurs reprises depuis son élection, décrivant une présidence «marquée par le scandale et définie par la réduction volontaire d'un nombre incalculable de libertés individuelles».

En août, dans un blogue, elle avait expliqué que si l'oeuvre de Maurizio Cattelan pouvait être différemment interprétée, c'est «la référence à Trump qui a trouvé le plus d'écho» durant son séjour au Guggenheim.

La quantité de métal précieux utilisée pour la confection de l'oeuvre n'a pas été révélée, mais Nancy Spector avait indiqué qu'elle avait été réalisée avec des «millions de dollars d'or».

Maurizio Cattelan avait lui présenté ces toilettes comme une oeuvre égalitariste, «de l'art du 1% (comprenant les personnes les plus riches de la planète) pour les 99 autres pour cents».

Les demandes de prêt d'oeuvres par la Maison-Blanche sont une pratique qui remonte à plusieurs décennies. Sous l'administration Obama, plusieurs tableaux de Mark Rothko ou d'Edward Hopper, entre autres, avaient été prêtés par des musées à la présidence.