Inspirée par les valeurs et le design des années 70, par son goût pour la réutilisation des objets et par ses convictions féministes, Jeanie Riddle a rassemblé ses oeuvres récentes à la Galerie Antoine Ertaskiran. Abstraites, graphiques ou installatives, ses créations évoquent la féminité, l'intimité, l'identité et le respect.

Toile en haut à gauche

Peinture abstraite, Open Letter to the Women a donné le titre à l'exposition. Elle émane d'une réflexion de l'artiste sur les mobilisations des femmes pour faire valoir leurs droits et d'une lecture sur les réalisations humanitaires de soeur Corita Kent, religieuse et artiste américaine, dans les années 70. Dans chaque peinture, Jeanie Riddle écrit des mots reliés à ses espoirs puis les couvre de peinture. Cette toile est devenue le point de départ de son corpus, qu'elle décrit comme une déclaration de force et de conviction faite aux femmes mêlée à des éléments biographiques.

Objets à droite

À la suite d'une résidence à Paris, Jeanie Riddle a entamé la création de toiles peintes en acrylique, pliées comme des nappes ou des serviettes de bain et placées sur des supports pour créer des assemblages évoquant des collages. Ces toiles abstraites ont des teintes à la fois sémillantes et adoucies. Des couleurs délicates très travaillées que Jeanie Riddle tire de ses observations et qu'elle associe avec harmonie. «Je suis maniaque des couleurs», dit-elle en riant.

Objets au centre en haut

Pour créer ses oeuvres, Jeanie Riddle utilise des objets récupérés le plus souvent désuets. On voit ici un présentoir sur roulettes sur lequel elle a disposé ses toiles colorées et pliées. Des objets peints dont on n'a qu'un aperçu. «Dans l'histoire de l'art, l'artiste a toujours une part de secret, dit-elle, comme une narration dans l'atelier lorsqu'on se parle à soi-même. Ces objets, c'est aussi un jeu, même si j'ai travaillé comme une folle!»

Objets au centre en bas

Jeanie Riddle a récupéré de vieux classeurs et une caisse métallique, objets qu'elle a associés à ses oeuvres, en l'occurrence de petites sculptures aplaties réalisées avec de la peinture au latex et de l'argile, du même style que celles montrées dans son exposition Plier en 2016. Des formes pliées qui évoquent la féminité et la sexualité féminine.

Jeanie Riddle

La semaine prochaine, Jeanie Riddle participera, avec la Galerie Antoine Ertaskiran, à la foire d'art contemporain ALAC, à Los Angeles. Elle y présentera quelques toiles de cette expo qui fait penser à la domesticité, à l'envie de mettre des couleurs dans la vie. Sans prétendre que son travail récent rend hommage aux femmes victimes d'agressions et de harcèlement sexuels, Jeanie Riddle estime qu'il surgit à un moment crucial. «Je veux faire partie de ce mouvement. Tant mieux si mon travail fait réfléchir. Mais n'oublions pas pour autant les mouvements à l'appui des autochtones, contre le racisme et l'homophobie.»

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Lettre ouverte aux femmes, de Jeanie Riddle, à la Galerie Antoine Ertaskiran (1892, rue Payette, Montréal), jusqu'au 10 février