L'artiste a réalisé quatre oeuvres majeures en 2017: Make Soccer Great Again, présentée à Hull, Mille Spéculations, installée à Bordeaux, en France, Seuils, exposée dans le Quartier des spectacles, à Montréal, et l'oeuvre d'art public Dendrites, créée dans le cadre du 375e anniversaire de Montréal et placée à l'entrée Bonaventure de la métropole. Son moment: voir Dendrites assemblée pour la première fois.

«Mon moment le plus fort de l'année, c'est lorsque j'ai vu ma sculpture Dendrites assemblée à l'atelier, car c'est un projet sur lequel j'ai travaillé longtemps, avec pas mal de maquettes, de dessin et de travail préliminaire. Je voulais que les piétons puissent avoir la même perspective que les automobilistes avaient auparavant en entrant à Montréal par l'autoroute surélevée.

«Après avoir gagné le concours, il fallait donc concevoir une oeuvre d'art qui nécessitait des principes d'architecture et d'ingénierie puisqu'on allait pouvoir marcher dessus. Un beau défi sur le plan technique. Il y a eu un long processus de réflexion, de recherches, de calculs et même de remises en question, car bien des contraintes se sont posées : la hauteur et la largeur des marches, la courbure et la rigidité des escaliers en acier galvanisé. Il fallait respecter des normes.

«Et puis, une forme organique de type racinaire en acier corten qui sort de terre, c'est difficile à faire! J'ai dû trouver un processus de fabrication. Il y a eu beaucoup de travail artisanal en atelier. L'oeuvre a été entièrement fabriquée à Tiny, près de Barrie, en Ontario, par l'entreprise Lafontaine Iron Werks, avec laquelle j'ai déjà travaillé pour d'autres projets.

«Les employés, qui sont les fils du propriétaire Michael Bilyk, ont travaillé très fort sur Dendrites, parfois 14 heures par jour. Travailler du métal en plein été à l'extérieur, c'est dur. Comme mon équipe, également très impliquée, notamment Jonathan Killing pour la géométrie, ils ont vraiment amené ce projet-là à un niveau exceptionnel. Cette dimension, on ne la réalise pas quand on regarde l'oeuvre d'art. 

«Tout ça pour dire que j'étais vraiment heureux quand j'ai vu que la pièce prenait forme, car je trouvais que la sculpture était beaucoup plus intéressante que son image dessinée.»

«J'étais comme en extase de voir cette structure encore brute sur laquelle j'avais passé des mois à travailler. Car j'avais pris des risques. J'avais eu des doutes. Mais c'est souvent quand je fais face à des défis énormes que je suis à mon meilleur, hyper concentré pour gérer la catastrophe! Finalement, ce moment fort, je le dois aussi au jury qui m'a choisi. C'est grâce à lui si ce projet existe...»

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Le jury qui a opté, sur concours, pour le projet de Michel de Broin (qui a coûté environ 1 million de dollars) était composé de Louise Déry (Galerie de l'UQAM), Kristine Germann (City of Toronto), Olga Bondareva (OACI), Daniel Lefebvre (Groupe Rousseau-Lefebvre), Simon Pouliot (Ville de Montréal), Jonathan Shaughnessy (Musée des beaux-arts du Canada) et Laurent Vernet (Ville de Montréal).