L'organisme montréalais MU a clos sa saison de création de murales, vendredi, en inaugurant trois oeuvres qui honorent trois grandes dames des arts de la scène et de la télévision: Dominique Michel, Clémence DesRochers et Denise Pelletier. Une célébration marquée par l'humour et les improvisations savoureuses de Dodo et Clémence!

L'ambiance était à la bonne humeur, vendredi, dans le quartier Centre-Sud, malgré le temps maussade. L'organisme MU célébrait la genèse de trois nouvelles oeuvres murales de sa série Hommage aux bâtisseurs culturels montréalais, amorcée en 2010.

La première murale a été inaugurée sur le mur sud de la maison du 1793, rue Wolfe, propriété de la Société d'habitation et de développement de Montréal (SHDM). Cette murale rend hommage à Clémence DesRochers, artiste multidisciplinaire, auteure du livret de la première comédie musicale québécoise, Le Vol rose du flamant, en 1967, et connue pour ses spectacles d'humour et de théâtre.

Peinte par les artistes Dominique Desbiens et Bruno Rouyère d'après une photographie de Martin Marie, la murale révèle Clémence DesRochers devant un microphone, avec son regard luisant et ses cheveux en bataille! 

À gauche du portrait, la signature de l'artiste a été reproduite sous un de ses poèmes qui mentionne son père, «un poète déçu», et sa mère «fatiguée», parents d'un «accident de la nature» qui a poussé «comme un pissenlit»!

Sur la gauche, des symboles reliés à Clémence et à ses personnages tels qu'un écran de télévision, une usine (La vie d'factrie), une église (les religieuses) ou encore des masques de théâtre. «Tu n'as pas raté ma galoche [NDLR: son menton]! C'est mon trademark!», lance Clémence DesRochers à Dominique Desbiens.

Quelques maisons plus loin, près du 1826, rue Wolfe, on aperçoit le beau et doux visage de Denise Pelletier, l'actrice disparue en 1976 et connue pour ses rôles dans des séries télé populaires telles que La famille Plouffe. La murale est l'oeuvre de l'artiste Mateo qui a inséré ce visage au sein de couleurs et de motifs qui évoquent l'univers du théâtre.

Devant la murale, Clémence raconte avoir joué avec Denise Pelletier. «Dans un de mes rôles, c'était ma maman.» 

De son côté, Dominique Michel dit s'être occupée de Mme Pelletier dans les derniers mois de sa vie, l'actrice étant morte à la suite d'une opération à coeur ouvert.

Dodo rappelle avoir vécu dans ce quartier populaire appelé autrefois le Faubourg à m'lasse. Mais la maison de son enfance a été démolie. «J'habitais au 1592, Wolfe, précise Dominique Michel. C'est là où j'ai grandi.»

«Grandi, c'est beaucoup dire!», réagit Clémence DesRochers, prenant la balle au bond.

Photo Martin Chamberland, La Presse

Responsable de MU, Elizabeth-Ann Doyle prend la parole lors de l'inauguration de la murale consacrée à Denise Pelletier (1923-1976), près du 1826, rue Wolfe, à Montréal.

Finalement, le petit groupe invité à ces inaugurations se retrouve devant le 2045, rue Beaudry, où l'artiste Hsix a réalisé la murale de Dominique Michel. Sur le bas de l'oeuvre, on reconnaît la Dominique Michel des années 60, dans le temps de Moi et l'autre, la série télé créée par Roger Garand et Gilles Richer et réalisée par Jean Bissonnette.

«Sur cette image, je suis déguisée en petit prince, toute en dentelles blanches, avec un pantalon bouffant, dit Dodo à La Presse. C'était dans le cadre d'un gala. L'époque où j'étais brune!» 

Dominique Michel ajoute qu'elle est devenue blonde... «à force d'aller à la mer»! C'est d'ailleurs la Dodo blonde des années 80 que Hsix a représentée sur la plus grande partie de la murale. Une période au cours de laquelle Dodo est parvenue à un sommet de popularité. Un succès... épuisant, explique-t-elle.

«J'ai eu beaucoup de plaisir, j'étais contente de faire ce que j'ai fait. Mais physiquement, je n'ai pas beaucoup d'énergie. Je n'ai pas de regrets d'avoir arrêté. Maintenant, je gâte mon chat!» 

La chanteuse, actrice et humoriste confie avoir été très malade l'été dernier. Un virus l'a jetée à terre pendant deux mois. Mais elle a repris du poil de la bête et avait fière allure, vendredi, portant avec superbe ses 84 printemps.

Des modèles

La nouvelle responsable de la Culture, du Patrimoine et du Design à la Ville de Montréal, la conseillère municipale Christine Gosselin, a félicité MU et les deux actrices pour leurs réalisations respectives. «Je vous remercie pour avoir développé notre imaginaire», a dit Mme Gosselin. «Si vous voulez, je peux vous faire un p'tit monologue!», a alors lancé Clémence DesRochers, déclenchant les rires de l'assistance.

«Vous êtes toutes les deux des modèles et des inspirations, a ajouté Elizabeth-Ann Doyle, cofondatrice de MU. Vous ressemblez à Montréal. Vous êtes des femmes modernes. Vous avez de l'humour, de l'intelligence, de la résilience et beaucoup d'humilité et d'humanité.» 

«On survit! C'est ça qu'on fait!», a lancé en riant Dominique Michel. 

«En tout cas, moi, j'aurais jamais pensé être étampée sur un mur!» a ajouté Clémence DesRochers avant de lancer à l'artiste Hsix: «Si les couleurs s'atténuent avec le temps, tu pourras venir me retoucher!»

Photo Martin Chamberland, La Presse

Elizabeth-Ann Doyle, responsable de MU, avec une Dominique Michel en pleine forme devant la murale réalisée par Hsix sur la façade sud de l'édifice du 2045, rue Beaudry.