L'oeuvre murale réalisée dans le centre-ville de Montréal pour rendre hommage à Leonard Cohen a été inaugurée hier, un an après son décès, en présence de proches du poète et chanteur montréalais et de nombreux amis. L'oeuvre créée par les artistes Gene Pendon et El Mac est la contribution de l'organisme MU au 375e anniversaire de la métropole.

C'est Denis Coderre qui avait décidé, l'an dernier, que la façade nord du 1420, rue Crescent serait destinée à rendre hommage à Leonard Cohen. Le maire de Montréal l'avait signifié, le jour de la mort du poète, au mécène Michel de la Chenelière qui avait suggéré ce mur impressionnant de 11 000 pieds carrés.

Battu aux élections municipales, dimanche, Denis Coderre n'était pas là, hier, pour l'inauguration de cette 100e murale de l'organisme MU. Mais sa directrice, Elizabeth-Ann Doyle, a rappelé combien le maire tenait à ce qu'un hommage imposant soit rendu à Leonard Cohen. «Ce portrait deviendra une signature visuelle de la métropole et une icône de renommée internationale», devait déclarer le maire Coderre, selon le communiqué de MU.

«Leonard Cohen incarne Montréal. Il est l'ultime Montréalais ! Il nous rassemble, il nous ressemble, dans notre quête de liberté, dans notre recherche de l'humanité, dans notre humour. Leonard Cohen, c'est nous! C'est Montréal!»

Un an après le décès de l'artiste, l'oeuvre de 55 m de haut et 20 m de large, intitulée Tower of Songs, est achevée après avoir requis 10 semaines de travail, 350 litres de peinture et 240 canettes! 

La murale - qu'on distingue clairement du mont Royal - a nécessité 2000 heures d'ouvrage (dont 350 de nuit) par le Californien El Mac, le Montréalais Gene Pendon et 14 assistants de MU: Arnaud Grégoire (chef d'équipe), Marianne Blondeau-D'Amour, Frédéric Chabot, Elizabeth-Ann Doyle, Nicole Kuentzle, Corinne Lachance, Julie Legault-Béliveau, Angel Ezequiel Lopez-Herrera, Alessandra McGovern, Julian Palma Luque, Rocio Perez, Ilana Pichon, François Sarazin et Julien Sicre.

L'oeuvre (qui aura coûté 300 000 $) est tirée d'une photo prise par Lorca Cohen, en 2008. La fille de Leonard Cohen était présente, hier, lors de l'inauguration officielle au Musée des beaux-arts de Montréal, mais c'est l'agent de l'artiste, Robert Kory, qui a pris la parole, notamment en français. Pour expliquer que Leonard Cohen acceptait peu de projets quand on lui en proposait... 

«Parfois, il acceptait, mais il disait alors: "OK, mais ça a intérêt à être bon!", a raconté M. Kory. Dans le cas de cette oeuvre, c'est un heureux mariage de l'art de Los Angeles et de celui de Montréal. Leonard l'aurait approuvée.»

L'artiste El Mac a expliqué que cette oeuvre avait été un grand défi et une des murales les plus difficiles qu'il ait eu à réaliser dans sa carrière. «J'ai eu bien des difficultés, mais je suis fier du résultat, car cela représentait une grande responsabilité», a dit l'artiste de 37 ans.

L'oeuvre murale donne une image bienveillante de Leonard Cohen avec une légère touche de rouge émanant de son coeur. Comme si l'artiste veillait désormais sur Montréal...

«Le résultat est réaliste et rend justice à Leonard Cohen, car l'oeuvre est sobre et élégante, a dit Elizabeth-Ann Doyle. Je crois qu'on peut dire: mission accomplie! Avec cette murale, MU ne sera plus jamais le même.»

Photo Hugo-Sébastien Aubert, La Presse

De gauche à droite, le muraliste montréalais Gene Pendon, le portraitiste californien El Mac et la directrice et cofondatrice de l'organisme MU, Elizabeth-Ann Doyle, lors de l'inauguration officielle de l'oeuvre murale rendant hommage à Leonard Cohen, un an après son décès.