Jusqu'au 19 août, les automobilistes qui empruntent l'autoroute 20 entre Québec et Montréal (dans les deux sens) peuvent découvrir 15 oeuvres d'art public créées par des artistes québécois. Organisé par les centres d'art Clark (à Montréal) et l'OEil de Poisson (à Québec), Truck Stop donne un peu de couleur artistique à nos mornes haltes routières...

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Vers en bord de route

Montréal-Québec, kilomètres 117 et 224, et Québec-Montréal, kilomètres 255 et 223

Nsawi Kebek... ta molian (de Québec à Montréal) 8wdi mziwi i8wado (l'entre-deux est un régal). Dans quatre haltes routières de la 20, l'artiste Gisèle Amantea a planté des panneaux de couleur rouge sur lesquels sont affichés des poèmes en langue française, anglaise et abénaquise. Un clin d'oeil aux panneaux publicitaires de l'entreprise américaine Burma-Shave, au siècle dernier, aux Abénakis qui ont peuplé ce territoire entre Québec et Montréal et à la réalité de cet espace géographique au XXIe siècle.

La promesse d'un futur

Montréal-Québec, Antiquité Michel Prince, sortie 215

Près du magasin d'antiquités Michel Prince, dans la municipalité de Sainte-Eulalie, l'artiste Nicolas Fleming a construit La promesse d'un futur, une maison un peu bizarre, faite de plaques de contreplaqué. On y entre par une seule porte, à l'arrière, en se courbant, et l'on arrive vite dans une issue avec deux bancs et une fenêtre. Les autres portes et fenêtres sont obstruées. À dessein, la maison n'est pas terminée. L'artiste a voulu évoquer « l'idée de permanence ou de durabilité temporelle ».

Zénith

Montréal-Québec, sortie Laurier-Station, kilomètre 280

À Laurier-Station, près de l'usine Béton Laurier, Camille Bernard-Gravel a créé, derrière une butte de sable, une installation visible de l'autoroute, surtout si l'on va dans la direction Québec-Montréal. L'installation en bambou est constituée de guirlandes sur lesquelles sont accrochés une centaine de papillons colorés métalliques et en plastique. L'ensemble bouge avec le vent et luit avec le soleil. Une association entre nature et technologie qui intrigue les automobilistes...

Se jouer du réel

Québec-Montréal, sortie 272, près de la ferme Roland Plante, à Saint-Janvier-de-Joly

Depuis l'autoroute, en provenance de Québec, on ne peut pas manquer l'oeuvre de Patrick Bérubé intitulée Se jouer du réel - Play Reality. Sur la façade en bardeaux de cèdre, le membre fondateur du collectif Pique-Nique a accroché des plaques de bois peintes en blanc représentant un immense symbole du bouton de lecture play des lecteurs de musique. Une image qui frappe en pleine campagne. Une invitation à écouter la nature, à savoir regarder et apprécier.

Viens, on va regarder passer les marmottes

Québec-Montréal, halte routière de Villeroy, kilomètre 255

Une seule photo dans cette halte routière. Elle résulte d'une performance, Viens, on va regarder passer les marmottes, qu'Alain-Martin Richard a réalisée avec les automobilistes de passage. L'artiste et performeur a photographié des voyageurs à côté de lui et d'une photo précédente faite de la même façon. Une mise en abyme sur le thème de la vitesse et de l'immobilité. Tout près, un panneau explique sa démarche et l'illustre avec un poème.

Avant la fin

Québec-Montréal, halte routière de Saint-Nazaire-d'Acton, kilomètre 157

Formé par les artistes Mathieu Gagnon et Mathilde Forest, le duo Gagnon-Forest rend hommage dans cette halte routière à l'Extra-Terrasse, un concept de restaurant vitré circulaire où des robots apportaient les burgers aux clients. Créé en 1992 par l'inventeur Jean Saint-Germain, le restaurant a dû fermer ses portes quelques mois plus tard. Avec l'oeuvre Avant la fin - Les ruines du parc d'attractions de l'inventeur québécois Jean Saint-Germain, soit cinq photos prises lors de sa démolition en 2015, Gagnon-Forest évoque notre propension à détruire plutôt qu'à recycler.

ExCroissance

Québec-Montréal, relais routier Petit inc., à Sainte-Hélène-de-Bagot, sortie kilomètre 152

Très visible de l'autoroute, dans les deux sens, l'oeuvre ExCroissance, de Rosalie D. Gagné, représente un étrange organisme de couleur chair greffé aux toits d'un restaurant. L'objet gonflé de grande taille fait penser à un parasite se nourrissant de l'établissement sur lequel il s'est fixé. S'intéressant aux relations entre monde microscopique et monde macroscopique, l'artiste a fait un clin d'oeil aux structures bizarroïdes qu'on rencontre parfois le long de l'autoroute 20.

Interzone 3

Québec-Montréal, halte des Hurons, kilomètre 117

Quel est l'avenir des haltes autoroutières québécoises ? Des aires naturelles et verdoyantes comme c'est le cas aujourd'hui ? Ou des étapes gastronomiques avec la vente de produits locaux et d'articles d'épicerie comme en Europe ? L'artiste Mathieu Latulippe s'est penché sur la question et expose, près des toilettes rustiques de la halte des Hurons, Interzone 3, un projet fictif de transformation de cette aire publique : avec deux tours d'habitation, des courts de tennis, un parc d'attractions, une verrière, un centre commercial et une usine d'épuration ! Une façon de dire, avec ironie, qu'il serait temps d'améliorer l'accueil des aires d'autoroute sans faire n'importe quoi...

Photo François Roy, La Presse

ExCroissance, de Rosalie D. Gagné,  à Sainte-Hélène-de-Bagot

Photo François Roy, La Presse

Interzone 3, de Mathieu Latulippe, à la halte des Hurons