«Nous avons créé un enfant artistique», dit le scénariste de BD et réalisateur chilien Alejandro Jodorowsky de la centaine de toiles réalisées avec son épouse Pascale et présentées à partir de ce vendredi, à la galerie Azzedine Alaïa à Paris.

Âgé de 88 ans, Alejandro Jodorowsky partage la vie de la plasticienne française Pascale Montandon-Jodorowsky de 43 ans sa cadette.

«Je ne pouvais pas être père et grand-père», explique le réalisateur de La danse de la réalité, alors nous avons créé «un troisième artiste qui a pour nom l'association de nos deux prénoms "pascALEjandro"».

L'oeuvre qui ouvre l'exposition, baptisée L'androgyne alchimique (jusqu'au 18 juin), montre l'épouse enceinte «de cet art qui remplace l'enfant», dit le créateur du groupe Panique avec Roland Topor et Fernando Arrabal.

Dans ce «travail à quatre mains» commencé en 2009, le scénariste de la mythique BD L'Incal, avec le dessinateur Moebius, s'est consacré au trait et son épouse s'est occupée de la couleur.

«Aucun de nous n'intervient dans la partie de l'autre et pourtant cela s'emboite parfaitement», dit encore le réalisateur chilien, auteur de plusieurs romans dont le «Paradis des perroquets» (1984), et dramaturge avec notamment les Trois vieilles (2009). Sans parler de ses talents de cartomancien à l'origine de leur rencontre.

Une femme nue violette aux cheveux verts barrée du mot Ilusion (2012), un couple nu avec un enfant protégés d'un déluge de bombes par un nuage (Sainte Famille, 2012), une vierge accouchant du Christ déjà adulte (Immaculée conception, 2012) ou encore un homme hydrocéphale chauve surmonté d'un immense papillon (Le commencement de la poésie, 2015) montrent des thèmes récurrents chez le couple.

Chaque oeuvre réalisée, Alejandro Jodorowsky la traduit comme «l'aboutissement d'un énorme plaisir, un orgasme».