L'Association des galeries d'art contemporain (AGAC) célébrera en fin de semaine prochaine sa 10e foire Papier. L'édition 2017 devrait accueillir, du 20 au 23 avril à l'Arsenal, autour de 20 000 amateurs d'art sur papier : dessins, estampes, collages, photographies mais aussi sculptures et installations émanant de 300 artistes d'ici et d'ailleurs.

Rien de trop grand pour les 10 ans de Papier ! C'est dans les vastes espaces de l'Arsenal que la grande fête des arts visuels a lieu cette année. Il faut dire que la fondation privée du collectionneur Pierre Trahan est tout à fait adaptée pour recevoir les 39 galeries canadiennes qui exposeront des oeuvres en papier de quelque 300 artistes. 

Voué à la diffusion, à la promotion et au développement de l'art contemporain, l'Arsenal est un partenaire idéal pour Papier, une foire qui cherche à démocratiser la collection d'oeuvres d'art. 

« L'art vaut souvent très cher, mais la foire Papier permet à quiconque s'intéresse à l'art de se retrouver dans un lieu invitant et, peut-être, de commencer à collectionner », explique Pierre Trahan.

« Moi-même, j'achète encore des oeuvres sur papier, même si mon médium préféré demeure la sculpture », ajoute-t-il. 

Si l'art contemporain est encore bien intimidant pour bien des Québécois, la foire Papier permet de se familiariser avec cet univers esthétique qui enrichit davantage l'âme du collectionneur que son patrimoine personnel. 

« Quand les visiteurs arrivent à Papier, le plus difficile est de franchir la première barrière, mais on est vite aspiré par la variété des oeuvres exposées, dit Émilie Grandmont Bérubé, présidente de l'AGAC et directrice de la galerie Trois Points. Aujourd'hui, de plus en plus de monde collectionne. Chacun a sa façon. Il n'y a pas de modèle. On le fait avec nos valeurs, notre vision, ce qui nous touche, ce qu'on a vécu dans notre vie. » 

Le «médium» papier

Et pas question d'affirmer qu'à l'heure de l'internet et de la tablette numérique, le papier soit un « médium » artistique pour pauvres ou dinosaures ! « Ce n'est pas un sous-médium, dit Émilie Grandmont Bérubé. La valeur esthétique et artistique est la même pour le papier car ses possibilités d'expression sont infinies. » 

Même si ce support papier est, dans le domaine de l'art, essentiel et populaire, l'artiste multidisciplinaire Nicolas Baier pense que la foire montréalaise pourrait tout de même songer à élargir son domaine d'expression. « La foire Papier, c'est bien, dit-il, mais une foire, tout simplement, ce serait mieux. Est-ce qu'on peut voir autrement que petit ? C'est limitant, pour ne pas dire sclérosant. Mais bon... au moins, on a ça. » 

« La foire Papier a fini par s'inscrire dans notre imaginaire collectif et social, dit de son côté Émilie Grandmont Bérubé. Montréal est reconnu pour ça. On ne va pas aller gâcher quelque chose qui fonctionne si bien. On réussit dans ce domaine alors on continue ! » 

L'énergique présidente ajoute que l'engouement pour Papier ne se dément pas, année après année. « À Papier viennent des clients d'Ottawa, de Toronto, de l'Ouest canadien et même des Américains, car Montréal est une vraie destination, dit-elle. Il y a même une vague qui se poursuit après la foire car pendant Papier, les gens découvrent des galeries et des artistes et après, ils viennent dans les galeries et achètent des oeuvres. »

Nouveaux collectionneurs

Chaque édition de la foire Papier génère son nouveau lot de collectionneurs, souvent des jeunes déjà impliqués dans des cercles de philanthropie. 

« Une étude qu'on a faite a montré que, l'an dernier, plus de la moitié des exposants ont affirmé avoir effectué au moins 50 % de leurs ventes à de nouveaux collectionneurs », dit Christine Blais, directrice de l'AGAC. 

L'an dernier, les ventes pendant la foire ont atteint un record, soit 1 million de dollars. Une partie importante provient d'entreprises et de grands collectionneurs. « À part Loto-Québec et Hydro-Québec, la Banque Nationale nous soutient toujours, tout comme Desjardins et d'autres collections d'entreprise », dit Émilie Grandmont Bérubé. 

« Non seulement le milieu économique nous soutient, mais il est fier de Papier. C'est la force de la foire. » 

Programmation

La programmation du 10anniversaire reste cependant à peu près similaire aux éditions précédentes. Il y aura trois visites guidées et six tables rondes (enregistrées et rediffusées pour la première fois), notamment sur l'art-thérapie, la performance, la profession de galeriste, etc. S'ajouteront trois « projets spéciaux » avec l'exposition bien en vue d'oeuvres de trois artistes des galeries Paul Petro (à Toronto), antoine ertaskiran et Trois Points, dont Dominique Pétrin et Natalie Reis. 

Ces présentations promettent d'être assez fascinantes, notamment l'univers éclaté de Dominique Pétrin, que Banksy a récemment honorée, si l'on peut dire. La foire Papier c'est, avant toutes choses, un rare rendez-vous avec l'imagination, le talent, l'émotion, la grandeur, les discours et la saine folie des artistes visuels. 

Encore une fois, de grands créateurs contemporains canadiens et étrangers seront représentés au travers de leurs créations à Papier. De Riopelle à Lemoyne, de Marcel Barbeau à Françoise Sullivan et Antoni Tàpies en passant par Jana Sterbak, Alain Paiement, Sylvain Bouthillette, Kent Monkman, Marc Séguin, Benoit Aquin, Rafael Sottolichio, Etienne Zack, Jeanie Riddle, Erik Olson, Cooke-Sasseville, Skawennati, Osvaldo Ramirez-Castillo, Stikki Peaches ou encore Todd James... Bonne visite !

À l'Arsenal art contemporain (2020, rue William, Montréal), du 20 au 23 avril

Photo Jean-Michael Seminaro fournie par l’AGAC

Papier 16 avait réuni, l'an dernier, 38 galeries dont 13 de l'extérieur du Québec. Cette année, 39 galeries seront présentes, dont 14 hors Québec.

Photo Marco Campanozzi, La Presse

Émilie Grandmont Bérubé, présidente de l'Association des galeries d'art contemporain (AGAC)