Le spectacle AURA, qu'a conçu et réalisé la firme Moment Factory pour la basilique Notre-Dame, est spectaculaire, majestueux par moments, mais sans âme.

Projections, lumières, lasers, musique orchestrale... Moment Factory n'a pas lésiné sur les moyens pour redonner du lustre aux beautés artistiques et architecturales que contient la basilique Notre-Dame de Montréal dans son spectacle multimédia intitulé AURA.

Les spectateurs sont d'abord invités à faire un parcours lumineux de huit stations tout autour de la nef. La plus réussie est sans doute celle du Christ en croix, une sculpture de Paul Jourdain dit Labrosse (1741), la plus drôle, celle des murmures qui émane d'un confessionnal.

Pour les autres, les concepteurs ont, selon nous, abusé d'effets de bulles lumineuses/étoiles filantes que l'on retrouve aussi en grand nombre pendant le spectacle à grand déploiement.

Une trame bien mince

À ce sujet, la mince trame de cette spectaculaire présentation d'une vingtaine de minutes comporte trois parties qui lient l'édifice à la nature et aux éléments, au passé et au futur.

Certains pourraient y voir les illustrations d'un jardin édénique, incluant petits oiseaux et végétation luxuriante, d'une crise de foi, avec orages et tsunamis, puis la montée de l'âme vers le ciel et les étoiles... Si vous y tenez.

Moment Factory ne s'embourbe pas dans les fleurs du catéchisme, cependant, et souligne surtout, par des jeux de lumière époustouflants, les magnifiques arcs, colonnes, rosaces et clés de voûte de l'édifice.

Les éclairages aux couleurs variables illuminent aussi astucieusement les sculptures qui se situent au fond de la basilique. Et les lasers, vers la fin du spectacle, donnent une touche grandiose à l'ensemble.

La musique, composée par Gabriel Thibaudeau et Marc Bell, commence avec un Hosanna de belle tenue. Elle se poursuit en empruntant des accents nouvel-âgeux et des voix faisant penser aux musiques de films des années 70 d'Ennio Morricone.

L'orchestre, précise-t-on, est composé de 32 musiciens, de 20 choristes et de l'organiste de Notre-Dame, dont l'instrument aurait pu être davantage utilisé.

Spectaculaire

Puisque les chiffres et les majuscules semblent importants, AURA, ajoute-t-on dans le programme, est « le fruit du travail de pas moins de 125 artistes et artisans ». Voilà pour la comptabilité.

On ne sait combien a coûté ce projet officiel des célébrations du 375e anniversaire de Montréal, mais le spectacle impressionnera les petits et les grands, sans les faire s'ennuyer trop longtemps de leur téléphone portable. L'archevêché peut se rassurer, c'est beau et de bon goût.

La messe serait sans doute plus courue si Moment Factory s'occupait de nos églises, nous glissait d'ailleurs à l'oreille une spectatrice amusée hier soir.

Mais Moment Factory a, quant à nous, quelque peu perverti le sens du mot « aura » de sa vraie définition qui évoque plutôt l'exhalaison subtile s'élevant d'un corps. Spectaculaire, voire majestueuse, la proposition du fleuron québécois des effets visuels n'a absolument rien de subtil.

Si bien que lorsque cette « immersion visuelle et sonore » prend fin, on applaudit le silence et l'éclairage tamisé des lieux qui peuvent encore servir, en notre époque agitée et bruyante, au repos de l'âme et à la méditation.

AURA est présenté en semaine à 18 h et le samedi à 19 h et 21 h. Le prix des billets individuels varie entre 13,80 et 23,00 $.

PHOTO FOURNIE PAR MOMENT FACTORY

Les lasers font partie des dispositifs utilisés pour illuminer la basilique Notre-Dame lors du spectacle AURA.

PHOTO FOURNIE PAR MOMENT FACTORY

Les étoiles font partie des motifs récurrents du spectacle AURA.