Le directeur d'un lycée croate a récemment refusé d'accueillir dans son établissement une exposition sur Anne Frank au motif qu'elle présentait les Oustachis pronazis au pouvoir en Croatie pendant la Seconde Guerre mondiale comme des «criminels».

Hormis les panneaux consacrés à Anne Frank préparés par le musée éponyme d'Amsterdam, l'exposition, qui était prévue pour la semaine dernière, en contenait six consacrés au rôle du régime croate pronazi.

Ce sont eux qui ont suscité la colère du directeur de cet établissement de Sibenik, situé sur la côte adriatique. Josip Belamaric s'est alors opposé à l'exposition le jour de son ouverture, le 17 janvier.

«Ils ont présenté les Oustachis comme des criminels (...) pas un mot sur les crimes des partisans et des communistes», a-t-il expliqué dans les médias croates.

Le Centre Simon-Wiesenthal a protesté auprès du chargé d'affaires croate à Tel Aviv et demandé le limogeage de ce directeur.

Un refus de prendre cette mesure «démontrerait que la nostalgie du régime oustachi est tout à fait légitime dans le système scolaire croate d'aujourd'hui», a écrit le Centre dans une lettre de protestation.

Selon les organisateurs, l'exposition s'est déroulée dans 23 autres villes de Croatie.

Échaper aux nazis

Le régime oustachi est responsable de la mort de centaines de milliers de Juifs, de Serbes, de Roms et d'antifascistes croates.

Pour échapper à la traque des Juifs par les nazis, Anne Frank et sa famille étaient entrées en clandestinité en juillet 1942 dans l'appartement secret de l'entreprise familiale, à Amsterdam. Ils y ont été découverts en août 1944 et déportés.

L'adolescente y avait rédigé son célèbre journal, l'un des ouvrages les plus lus au monde qui s'est depuis vendu à plus de 30 millions d'exemplaires et a été traduit en 67 langues.

Alors âgée de 15 ans, Anne Frank est morte du typhus début 1945 dans le camp de concentration de Bergen-Belsen.

Lundi, les représentants des Juifs de Croatie ont annoncé qu'ils boycotteraient les commémorations officielles de la Journée internationale de la mémoire de l'Holocauste. Ils entendent ainsi dénoncer une «relativisation» par les autorités des crimes du régime pronazi croate.