En cinq soirs dans le cadre de la Biennale de Montréal, Jacob Wren propose toutes les chansons qu'il a composées. Un corpus de 58 textes de haut calibre offert en karaoké, en solo et avec des groupes montréalais.

Le romancier/performeur/musicien montréalais Jacob Wren aime les beaux malaises. On ne parle pas d'humoriste et de télévision ici, mais d'un auteur-compositeur-interprète qui fait le tour du monde avec des chansons que personne n'avait entendues auparavant. 

Qui? Quoi? Quiproquo, malaise. Justement.

Jacob Wren a écrit 58 chansons entre 1985 et 2004. Il a arrêté parce qu'il dit que «ses capacités musicales sont trop limitées». Il les chante aujourd'hui parce que «c'est comme lire son journal intime sur la scène; certaines choses sont très bonnes et d'autres embarrassantes. C'est une des tensions que j'affectionne. Être soi-même dans une situation de performance, ce n'est pas naturel. C'est ce qui m'intéresse.»

Produit par PME-ART, l'organisme qu'il codirige avec Sylvie Lachance, le spectacle Toutes les chansons que j'ai composées a été présenté en Allemagne, en Finlande, aux États-Unis et au Japon. 

Dans chaque ville, des groupes viennent interpréter ses chansons. Dans le cadre de la Biennale de Montréal, il y aura trois soirées avec cinq chanteurs et groupes comme The Besnard Lakes et Mozart's Sister.

«Chacun joue une ou deux chansons. Je les interviewe sur scène également et ils peuvent aussi me poser des questions au sujet des chansons.» 

Le 4 novembre, au Musée d'art contemporain, Jacob Wren dirigera aussi un karaoké où il jouera de la guitare pour accompagner les braves qui oseront pousser la note. 

«C'est un karaoké homemade, précise Sylvie Lachance, collaboratrice artistique au projet. Avec une vidéo et Adam Kinner qui tient la feuille où sont inscrites les paroles des chansons.»

Cinq heures

En solo, Jacob Wren jouera absolument toutes les chansons qu'il a composées dans l'ordre chronologique. «Ça dure cinq heures et comme je vieillis, je me fatigue plus vite.»

On aura compris que l'ironie est au centre de tout ce que fait Jacob Wren. «Mais en même temps, j'essaie de m'en éloigner ou, du moins, de faire place aux émotions et à la réflexion. C'est une autre tension dans laquelle j'aime travailler.»

La grande qualité de ses textes de chansons renvoie toutefois au texte et à la littérature. 

«Mon problème avec l'écriture de chansons, c'est que j'étais plus intéressé par le côté littéraire que musical. Ce projet nous place au centre des contradictions entre l'écriture et la chanson.»

Il cultive aussi l'idée que l'artiste et le spectateur peuvent partager un espace sur un pied d'égalité... ou presque!

«Dans la performance Le génie des autres, on avait placé un micro dans la salle et pendant le spectacle, les gens pouvaient intervenir. Ils disaient des choses parfois plus intéressantes que nous. Ils pouvaient devenir, comme nous, responsables du spectacle», explique Sylvie Lachance. 

Montréal

Le Torontois d'origine, Montréalais depuis 16 ans - «quitter Toronto est la meilleure décision de ma vie», dit-il - est à la recherche de nouvelles formes pour les arts de la scène.

«Je rêvais d'un théâtre sans costumes ni texte, d'une nouvelle authenticité au théâtre. Je cherche une nouvelle forme de performance, une façon d'exprimer la vulnérabilité sur scène. Mais après 20 ans de pratique, je me rends compte qu'en rejouant le même spectacle, même s'il est différent chaque soir, cela reste du théâtre. Peut-être que ce nouveau théâtre n'adviendra jamais, mais c'est le fait de tenter d'y échapper ou de tenter de le renouveler constamment qui nous intéresse.» 

Pour les oreilles musicales, il est aussi possible d'enregistrer sa propre version d'une chanson de Jacob Wren sur le web. 

«Quelqu'un a décidé de faire sa version de la chanson Do You Love Me? sous la douche», note Sylvie Lachance. 

Oui, on t'aime, Jacob Wren.

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Karaoké: MAC, 4 novembre, 21 h.

Solo: La Chapelle, 7 novembre, 18 h.

Soirées avec groupes: La Chapelle, 9,10 et 11 novembre.