MU fêtera ses 10 ans à l'Usine C jeudi soir. Cet été, cela fera 10 saisons que l'organisme montréalais, créé par Elizabeth-Ann Doyle et Emmanuelle Hébert, réalise des murales dans les quartiers de l'île de Montréal. MU enjolive la ville, mais intervient aussi localement auprès de milliers de jeunes tout en revitalisant des HLM.

MU a créé sa première murale en 2007 dans le quartier Saint-Michel. Réalisée dans le cadre du 30e anniversaire du Centre éducatif communautaire René-Goupil, l'oeuvre de 173 m2 avait été conçue par Yannick Picard. Elle était le reflet du quartier, notamment du mélange des différentes communautés issues de l'immigration qui y habitent. 

Depuis cette première murale, 79 autres ont été réalisées dans les arrondissements, rendant le paysage plus agréable, encourageant des artistes urbains et favorisant une transformation sociale locale. Pour chaque murale, MU rencontre en effet les associations communautaires et réalise avec elles, notamment avec les jeunes, des projets artistiques.

Les programmes éducatifs de MU s'adressent aux ados en milieux scolaire, parascolaire et communautaire. Ils permettent aux jeunes de découvrir des métiers artistiques (graphisme, illustration, design, jeux vidéo, etc.) et sont des incubateurs de créativité.

Année après année, Elizabeth-Ann Doyle tisse des liens pour permettre à l'organisme de poursuivre sa mission. «Notre principale satisfaction est que MU ait été un réel acteur de changement pour Montréal, dit la directrice et cofondatrice de MU. D'abord, quant à la reconnaissance et à l'impact de l'art dans l'espace public comme vecteur de changement. Et puis, cette vague d'appréciation permet aujourd'hui à beaucoup d'artistes d'avoir une vitrine et du travail.»

Cette année, MU a encore de grands projets. L'organisme a été retenu pour réaliser des murales à l'intérieur du nouveau Pavillon pour la paix Michal et Renata Hornstein du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM). Les murales seront créées cet été, avant l'inauguration du pavillon, en novembre. 

«Il s'agit de notre premier projet réalisé "à l'interne", par opposition à une production faite par un artiste professionnel, comme on le fait d'habitude, dit Elizabeth-Ann Doyle. Une dizaine d'artistes de MU travailleront sur la murale du musée. Ils ne signeront pas leur nom, mais le nôtre, sous ma direction artistique. Ce sera un hommage ludique aux oeuvres de la collection permanente du MBAM. Comme une MUtation des chefs-d'oeuvre de la collection!»

En même temps, MU procédera à l'embellissement de la ruelle située près du nouveau pavillon du musée de la rue Sherbrooke Ouest, entre les rues Crescent et Bishop.

MU réalisera également une murale sur un poste d'Hydro-Québec de l'île de Montréal dont le nom sera dévoilé dans quelques semaines. Il s'agira d'une première murale extérieure pour Hydro-Québec.

L'artiste montréalais Rafael Sottolichio créera en juin une autre murale pour MU, cette fois-ci dans le tunnel piétonnier qui relie les deux tourelles centrales du pont Jacques-Cartier. L'oeuvre sera inaugurée avant le début de la saison des feux d'artifice.

Parmi les autres murales réalisées cet été, une le sera dans Rosemont-La Petite-Patrie et cinq dans le cadre de la série Hommage aux bâtisseurs culturels montréalais: une pour honorer Mordecai Richler, sur le Plateau Mont-Royal, et quatre pour célébrer des géants du théâtre québécois, dans le quartier Centre-Sud. 

«Cette année, nous voulons rendre hommage au monde du théâtre et des arts de la scène», précise Elizabeth-Ann Doyle, cofondatrice de MU.

«Le quartier Centre-Sud est reconnu pour ses nombreuses institutions théâtrales telles que le Prospero, l'Usine C, Espace libre, Le Carrousel, Omnibus, le Nouveau Théâtre expérimental, La 2e Porte à gauche, etc. Nous souhaitons en faire une destination rendant hommage au théâtre comme nous l'avons fait sur l'avenue Savoie pour la littérature.»

La rue Montcalm accueillera un parcours d'art public sur le thème du théâtre. Le choix des quatre bâtisseurs honorés n'est pas encore arrêté, car les résidants des HLM du quartier seront impliqués dans le processus. Mais des noms circulent tels que ceux de Paul Buissonneau, Yvon Deschamps, Claude Léveillée, Jean-Louis Millette, Louise Latraverse, Denise Pelletier, Janine Sutto, Denise Filiatrault, Colette Devlin ou Clémence DesRochers.

Que les oeuvres de MU soient des oeuvres d'art public qui créent de la beauté, mais aussi du sens, de l'ouverture et du dialogue, Elizabeth-Ann Doyle en est fière. «Elles créent de la relève, elles sont pertinentes, respectueuses et pérennes, dit-elle. Je souhaite que Montréal soit une ville d'art mural unique au monde, grâce à notre collection d'oeuvres qui rend hommage à nos bâtisseurs culturels. Une collection à la fois belle et inspirante, qui nous fait découvrir - ou redécouvrir - notre histoire de l'art, nos quartiers et nos créateurs.»