Donald Trump n'inspire pas que les électeurs d'extrême droite. Les artistes ne se lassent pas de dessiner, peindre, sculpter, bomber le wannabe président. En étron à moumoute, en Adolf Hitler ou nu avec un micropénis: on ne compte plus les portraits peu flatteurs du candidat.

En 2008, le portrait de Barack Obama souligné du mot hope («espoir») était devenu l'image clé de la campagne présidentielle américaine. Plus qu'un simple portrait, l'image de l'artiste Shepard Fairey semblait symboliser les aspirations d'une nation. Huit ans plus tard, c'est au tour du candidat Donald Trump d'inspirer les artistes.

La différence? L'espoir a cédé le pas au dégoût, le désenchantement a remplacé l'enthousiasme. Caricaturé en étron, peint avec du sang de menstruation, sculpté en forme de butt-plug, le candidat Trump est devenu une sorte de piñata pour nombre d'artistes révulsés par les propos du milliardaire.

De Frida Kahlo à Martin Luther King Jr., Sarah Levy avait l'habitude de réaliser des portraits de personnalités qu'elle admire. L'automne dernier, l'artiste de Portland a toutefois fait une exception. Elle a réalisé un portrait de Donald Trump à l'aide de... son propre sang menstruel.

«Je n'aurais jamais pu faire un portrait normal de Donald Trump», précise l'artiste. Elle a eu l'idée de le peindre avec son hémoglobine après les déclarations de Trump à l'égard de la journaliste Megyn Kelly. Ce dernier avait dit qu'il pouvait voir le sang de Kelly «sortir de ses yeux, sortir de son... "où que ce soit"» après qu'elle lui a posé des questions sur son sexisme lors d'un débat télévisé.

«J'ai pensé qu'utiliser ce médium était une bonne manière d'attirer l'attention sur ses déclarations, qui étaient insultantes à l'égard de l'intelligence de toutes les femmes. C'était une manière de retourner ce qu'il avait dit contre lui», explique l'artiste.

Jacob Thomas, artiste et illustrateur de Chicago, n'avait qu'un but en tête quand il s'est mis à produire son premier portrait de Trump: faire rire. «L'idée était simplement de réaliser un portait, de le mettre dans la rue et de faire rire les gens. Je me disais que si les gens riaient, ils ne le prendraient pas au sérieux», confie celui qui illustre régulièrement la une de Newsweek.

À ce moment-là, l'artiste ne se doutait toutefois pas que Trump séduirait autant et si durablement les électeurs du Parti républicain. Voyant que la popularité de ce dernier ne cessait de prendre de l'ampleur, l'artiste s'est mis à multiplier les portraits satiriques de Trump. Il a notamment dépeint Trump en Batman, en Hitler, en toilette, en Mao, en Mickey Mouse...

«Je me sens un peu obligé de faire quelque chose. J'ai l'impression que si je ne fais rien et qu'il finit par se rendre jusqu'à la Maison-Blanche, je vais me sentir partiellement responsable de n'avoir rien fait. Je fais donc ce que je peux», dit-il.

Ses portraits du milliardaire sont devenus tellement nombreux qu'une galerie de Chicago a pris contact avec lui afin d'organiser une expo entièrement consacrée au candidat du Grand Old Party, du 1er au 24 avril.

PHOTO FOURNIE PAR JACOB THOMAS

Voyant que la popularité de Donald Trump ne cessait de prendre de l'ampleur, Jacob Thomas, artiste et illustrateur de Chicago, s'est mis à multiplier les portraits satiriques de Trump. Il a notamment dépeint Trump en Batman, en Hitler, en toilette, en Mao, en Mickey Mouse...

Micropénis

Dans l'État de New York, Anthony Rotolo, ex-professeur en communication spécialisé dans la culture pop et fasciné par le processus électoral, a quant à lui organisé récemment l'expo Trumpmania. Une expo itinérante mettant en vedette plus d'une trentaine d'oeuvres réalisées par une quinzaine d'artistes.

Toutes les oeuvres ne sont pas forcément anti-Trump, «mais la majorité d'entre elles sont soit critiques, soit moqueuses», précise l'organisateur.

Dans le lot, il y a notamment la peinture de Sarah Levy ainsi qu'une copie du fameux pastel de Trump, nu, avec un micropénis de l'artiste Illma Gore (que le candidat républicain a menacé de poursuivre en justice). Une peinture de style pseudo-classique, signée Onno Lolmeka, présente également Trump en train de donner le sein à une sorte de bébé Jeb Bush.

Y a-t-il des acheteurs pour ces portraits pour le moins engagés? Il semblerait que oui, si l'on en croit Jacob Thomas et Anthony Rotolo. «Certaines pièces se vendent pour quelques dizaines de dollars, d'autres pour quelques milliers de dollars», assure Rotolo.

«Les gens se disent qu'il vaut mieux avoir un portrait de Donald Trump dans leur maison que de voir Donald Trump à la Maison-Blanche», conclut Jacob Thomas en riant.

PHOTO FOURNIE PAR ARTHOUSE.NYC

Anthony Rotolo, ex-professeur en communication spécialisé dans la culture pop et fasciné par le processus électoral, a quant à lui organisé récemment l'expo Trumpmania. Une expo itinérante mettant en vedette plus d'une trentaine d'oeuvres réalisées par une quinzaine d'artistes.