Ils s'imaginaient devenir les nouveaux Beatles, ils connaîtront la gloire surtout à titre posthume. Quarante ans après la sortie de leur premier album, les Ramones sont aujourd'hui un des groupes les plus vénérés de la déferlante punk. Le Queens Museum leur rend hommage.

«Les Ramones viennent tous de Forest Hills et les gamins qui ont grandi là sont devenus soit musiciens, dégénérés ou dentistes. Les Ramones sont un peu tout cela. Leur son n'est pas si différent de celui d'une fraise de dentiste sur une molaire.»

Dactylographiée en 1975 sur une feuille de format A4, cette description est signée Thomas Erdelyi, alias Tommy Ramone. Elle est aujourd'hui bien en vue à l'exposition Hey! Ho! Let's Go: Ramones and the Birth of Punk au Queens Museum, à quelques coins de rue de Forest Hills.

Thomas Erdelyi n'avait pas prévu devenir un Ramone. Le guitariste souhaitait être leur imprésario. Mais comme Jeffrey Hyman (Joey Ramone) ne parvenait pas à chanter convenablement tout en pilonnant sa batterie, Thomas est devenu Tommy et s'est improvisé batteur au sein du groupe.

Cette anecdote, c'est Monte A. Melnick qui la raconte. Copain d'enfance de Tommy, il fut pendant des années l'agent de tournée du groupe. Avec Arturo Vega (responsable notamment du logo des Ramones), il compte parmi les principaux contributeurs de l'exposition.

Il a prêté plus d'une centaine d'artefacts sur les 350 qui occupent trois grandes salles du musée. Dans le lot, il y a un bon nombre de photos rares, de nombreuses affiches de tournée, quelques instruments et quatre iconiques blousons noirs.

Boudés par la radio

À leur naissance, les Ramones avaient des rêves de grandeur. Ils espéraient devenir aussi influents que leurs idoles les Beatles. Le nom même du groupe est d'ailleurs inspiré de Paul McCartney, qui réservait ses chambres d'hôtel sous le pseudonyme de Paul Ramone.

Le hic? Les radios de l'époque étaient bien trop conservatrices pour leur son. Bien que la plupart de leurs morceaux soient mélodiques (pour du punk), que leurs paroles contiennent une bonne dose d'humour, ils étaient bien trop rock, abrasifs et sarcastiques pour les ondes hertziennes de l'époque.

Qui plus est, la vague punk britannique vilipendée par les médias a contribué à les enfermer dans une sous-culture qui faisait peur à l'Amérique. 

«Ils ont été associés aux Sex Pistols alors qu'ils détestaient tous ces punks qui venaient à leurs shows et leur crachaient dessus», explique Monte A. Melnick, ex-agent de tournée des Ramones.

Enregistré en trois jours, comprenant 14 titres expédiés en 29 petites minutes, leur premier album, lancé en 1976, est aujourd'hui considéré comme un classique, une oeuvre phare qui a inspiré une multitude d'artistes, des Clash à Green Day. Mais il n'est devenu disque d'or (500 000 exemplaires) qu'en 2014, soit l'année où le dernier Ramone original, Tommy, est mort.

Enfants de Queens, les Ramones ont surtout été à l'épicentre du renouveau musical et artistique new-yorkais qui avait pris racine dans l'East Village, dans les années 70.

L'expo présente d'ailleurs de nombreux flyers et photos d'Iggy Pop, Blondie, Suicide, Patti Smith, Richard Hell, etc., qui, comme les Ramones, faisaient alors leurs classes dans des clubs comme le CBGB ou Max's Kansas City. La particularité des Ramones? Pour citer le chanteur des Dictators, Richard Manitoba: «Ils étaient le groupe stupide le plus intelligent qu'on avait jamais entendu.» 

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Au Queens Museum de New York jusqu'au 31 juillet.

PHOTO TIMOTHY A. CLARY, AGENCE FRANCE-PRESSE

L'exposition comprend 350 artéfacts racontant l'histoire du groupe qui a contribué à définir le son punk.