Le Velvet Underground, et avec lui la contre-culture des années 60 à New York, est à l'honneur à la Philharmonie de Paris à partir de mercredi avec une exposition célébrant la courte mais mythique carrière du groupe de rock de Lou Reed.

Après David Bowie, dont la rétrospective a fait le tour du monde de Londres à Sao Paulo, ou Björk, célébrée l'an dernier au MoMA de New York, et juste avant les Rolling Stones, célébrés à leur tour à partir de la semaine prochaine à Londres, l'esprit rock souffle de plus en plus fort dans les musées.

Extraits musicaux, pochettes de disques, vidéos, photos, témoignages... La dense exposition New York Extravaganza (jusqu'au 21 août) invite à la Philharmonie de Paris l'effervescence de la contre-culture contestataire des années 1960 dans laquelle est née la poésie vénéneuse de Lou Reed, John Cale et leurs acolytes (Nico, Sterling Morrison, Moe Tucker, Doug Yule), d'abord sous la férule d'Andy Warhol avant de rompre avec lui.

Le visiteur navigue ainsi parmi des «totems» présentant les musiciens mais aussi le poète Allen Ginsberg, le musicien avant-gardiste La Monte Young, le réalisateur Jonas Mekas, Gerard Malanga, un proche de Warhol, et d'autres.

Autant de rencontres qui «ont façonné la musique du Velvet Underground», avec ses références à la drogue ou à la sexualité, estime la productrice Carole Mirabello, co-commissaire de l'exposition avec le fondateur du magazine français Les Inrockuptibles Christian Fevret. Même si le groupe a finalement peu joué à New York après 1967, cette ville reste son «point d'ancrage».

Fondé en 1965 par Reed et Cale, le groupe a couru en vain après la reconnaissance avec des formations fluctuantes: Nico, le mannequin allemand imposé par Andey Warhol, est rapidement écarté, puis John Cale en 1968 avant le départ de Lou Reed lui-même en 1970 après le quatrième album, Loaded.

Une «chasse aux trésors»

Moe Tucker et Doug Yule feront vivre le nom du groupe encore quelques années mais le vrai Velvet n'est plus. Et c'est paradoxalement à partir de ce moment que son aura a grandi, devenant une référence pour de nombreux artistes, comme David Bowie, en termes de musique mais aussi d'esthétique.

L'héritage du Velvet est multiple, rappelle l'exposition, à la fois chez les musiciens (200 reprises sont réunies dans l'exposition, de Björk, REM, U2, Beck, Etienne Daho, etc.) et chez les artistes plastiques.

«Le Velvet est, avec Elvis Presley, Jerry Lee Lewis, les Stones, les Doors ou Hendrix, un des premiers groupes à avoir compris instinctivement que le rock servait de testeur: la société établit des plafonds qu'il s'agit de crever. C'est aussi le premier grand groupe à s'être pris ce plafond sur la tête et à ne l'avoir vu s'ouvrir qu'une fois à terre», confirment les journalistes Philippe Azoury et Joseph Gosn dans The Velvet Underground (Actes Sud) qui paraît mercredi.

Organiser cette exposition, probablement la première de cette envergure consacrée au groupe, a relevé de «la chasse aux trésors», témoigne Christian Fevret. «Contrairement aux groupes qui ont eu du succès et sont beaucoup passés à la télévision, les archives du Velvet sont éclatées. Il n'y a pas l'aspect centralisé des Stones ou de Bowie qui, au cours de leur carrière, ont pris les choses en main», ajoute le commissaire.

Si l'exposition se veut accessible aux novices, elle offre aussi quelques pépites aux plus «spécialistes» du Velvet, comme cette lettre de Lou Reed, datant de 1965, racontant sa rencontre avec le Gallois John Cale ou l'émouvant témoignage de sa soeur sur la jeunesse tourmentée de l'enfant terrible du rock, décédé en 2013.

En marge de cette exposition, John Cale reprendra dimanche soir le premier album du groupe, célèbre pour sa pochette à la banane signée Andy Warhol, avec des invités comme The Libertines, Étienne Daho, Lou Doillon ou Mark Lanegan. Rodolphe Burger (22 mai) et Emily Loizeau (15 au 17 juin) iront aussi de leur hommage sur scène.