Trop souvent réduite à l'épouse excentrique et vaguement avant-gardiste de l'ex-Beatles John Lennon, Yoko Ono creuse depuis plus de 60 ans un sillon artistique singulier que le Musée d'art contemporain de Lyon invite à découvrir à l'occasion d'une première rétrospective en France.

L'exposition Yoko Ono: lumière de l'aube y réunit de mercredi jusqu'au 10 juillet ses nombreuses oeuvres, de 1952 jusqu'à cette année.

Âgée de 83 ans, Yoko Ono devait venir à Lyon pour le vernissage de l'exposition, mais une convalescence post-grippale l'a contrainte à reporter ce déplacement au mois de mai.

Artiste expérimentale décrite comme «avant-gardiste», «performeuse», chanteuse, poète, elle est née en 1933 au sein d'une des familles les plus fortunées du Japon.

Si Yoko Ono est «l'artiste inconnue la plus célèbre du monde» comme la qualifiait lui-même John Lennon, le monde de l'art lui rend de multiples hommages depuis quelques années. Une rétrospective à Francfort lui a été consacrée en 2013, de même que l'éminent musée d'art moderne (MoMA) de New York qui lui a consacré une première exposition entièrement dédiée en 2015.

«En France, elle reste liée à l'affaire malheureuse des Beatles (des fans l'accusant d'être la cause de la séparation du groupe en raison de sa relation fusionnelle avec John Lennon, ndlr), mais il est temps de la montrer telle qu'elle est, de sortir des stéréotypes», résume Thierry Raspail, co-commissaire de l'exposition lyonnaise.

Sur trois étages, le visiteur découvre une oeuvre prolifique et très variée. Il pourra revoir ou découvrir cette retentissante performance vidéo en noir et blanc, Cut Piece (1964), où elle se met en scène vêtue d'un tailleur. Agenouillée au centre d'une scène, elle invite le public à découper et emporter des morceaux de ses vêtements, jusqu'à ce qu'elle se retrouve quasi nue.

Elle invente aussi des «instructions», en conviant les visiteurs à imaginer la réalisation des oeuvres ou en les complétant.

Ici des portes posées verticalement au sol, sans mur, symbolisent les épreuves à traverser dans la vie; là un ensemble de casques de la seconde guerre mondiale suspendus contiennent des morceaux de puzzles représentant le ciel.

Une autre oeuvre baptisée Ex-it (1997), occupant à elle seule une grande pièce du musée, comprend 100 cercueils de bois dont émergent des arbustes, symbolisant la mort et la résurrection, en un apaisant mélange. «L'oeuvre a été produite ici», explique Thierry Raspail, précisant que «les arbres viennent du parc de la Tête d'or!», voisin du musée.

D'autres pièces de la rétrospective peuvent laisser perplexe, à l'image d'un socle en plexiglas sur lequel trône une pomme verte, où de simples escabeaux disposés côte à côte.