Une exposition rassemble dès samedi la plupart des toiles du primitif flamand Jérôme Bosch dans sa ville natale de Bois-Le-Duc, dans le centre des Pays-Bas, marquant les 500 ans de la mort de ce «peintre du diable».

«C'est la première fois qu'une exposition compte autant de travaux de Jérôme Bosch», a affirmé à l'AFP le directeur du musée NoordBrabants, Charles de Mooij: «Nous avons 17 de ses tableaux, sur un total de 24, et 19 des 20 dessins» qui subsistent.

Ce petit musée de Bois-Le-Duc (Den Bosch en néerlandais) a réussi à convaincre les plus grands musées du monde de prêter leurs toiles jusqu'en mai, notamment le célèbre Chariot de foin.

Propriété du musée du Prado à Madrid, ce tableau a quitté l'Espagne pour la première fois en 450 ans pour rejoindre Bois-le-Duc, où l'artiste a vécu toute sa vie et dont il porte le nom.

Le triptyque Le jardin des délices, sans doute son oeuvre la plus connue, ne quittera en revanche pas le Prado. «C'est dommage mais compréhensible», avait reconnu le directeur du musée. «Est-ce que le Rijksmuseum prêterait La ronde de nuit?», célèbre toile de Rembrandt exposée à Amsterdam. «Évidemment que non.»

En revanche La nef des fous (du Louvre à Paris), La mort de l'avare (à Washington) et Visions de l'au-delà (à Venise) seront réunis pour l'exposition Visions d'un génie.

«Nous sommes très fiers d'avoir rassemblé autant de ses peintures, à quelques rues de là où il a vécu et travaillé», a ajouté M. De Mooij.

Malgré le petit nombre de tableaux ayant survécu aux siècles et les goûts changeants des époques, les toiles de Jérôme Bosch n'ont jamais cessé de fasciner.

«C'était un peintre qui faisait des choses très réalistes mais il a aussi créé un monde extraordinaire», explique le directeur du musée, évoquant «des créatures qui ne peuvent pas exister mais qui sont réalistes».

L'imagerie carnavalesque du peintre sonne comme le credo de la nouvelle morale bourgeoise de son temps, à laquelle il souscrit: malheur au débauché, au paresseux, au gaspilleur, à l'avare, à l'étourdi, car il ira en enfer.

«On ne pourra jamais totalement comprendre son travail et c'est cela aussi qui est très intriguant», a ajouté M. De Mooij.

Jérôme Bosch, de son vrai nom Jheronimus Van Acken, est né vers 1450 dans une famille de peintres. Décédé en août 1516 d'une cause inconnue, il est enterré dans la cathédrale de la ville, dont les gargouilles démoniaques ont inspiré bon nombre de ses créatures.