Si pour certains elle n'est qu'un simple lapin blanc, elle est pour d'autres un fin exemple d'art minimaliste: depuis six décennies, Miffy enchante les jeunes enfants dans ses livres et désormais aussi dans son propre musée.

Miffy chez le docteur, Miffy va au zoo, La maison de Miffy: les 10 pièces du musée sont inspirées des scènes des 32 livres consacrés au célèbre lapin par son auteur néerlandais, Dick Bruna. Les enfants peuvent y jouer au docteur, cuisiner, tondre le gazon...

Après deux ans de rénovation, l'ancienne Maison de Dick Bruna à Utrecht, dans le centre des Pays-Bas, a rouvert ses portes début février après avoir été complètement transformée pour mettre au centre du projet les enfants, premiers fans de Miffy.

L'espace originel dédié au créateur du lapin avait ouvert ses portes en 2006 et attirait plus de 50 000 visiteurs par an, dont de nombreux touristes en provenance du Japon, où Miffy est une véritable star. Mais c'était un musée pour adultes, qui rassemblait notamment la collection permanente des dessins originaux de Dick Bruna. Et selon la conservatrice du musée, Yolanda van den Berg, la question sur toutes les lèvres enfantines était claire: «Où est Miffy?»

Bien qu'elle ait soufflé ses 60 bougies en 2015, Miffy n'a pas pris une ride au fil de ses ouvrages au format carré, dessinés pour être tenus facilement par des menottes enfantines.

Chaque livre raconte une histoire simple, comme une journée au zoo, à l'école ou une fête d'anniversaire. Ils se sont vendus à plus de 85 millions d'exemplaires et ont été traduits dans 52 langues, dont le Russe depuis 2011.

C'est justement sa simplicité attachante et ses gentils amis qui ont cimenté la renommée mondiale de Miffy, dont le nom d'origine est Nijntje ou Petit lapin, à travers les âges.

Place à l'imagination

Jeune lapine, Miffy est dessinée à l'aide d'épaisses lignes noires: longues oreilles, deux points pour les yeux et un X pour la bouche. Elle est toujours représentée sur un fond plat d'une couleur primaire: du bleu, du vert, du jaune et du «rouge de Bruna», autant de couleurs spécialement créées pour l'auteur, dessinateur et graphiste néerlandais.

«Ce qu'il a voulu avec ses livres, c'est créer un monde que les enfants peuvent explorer de manière indépendante», assure Mme Van den Berg. «Et c'est ce que nous avons essayé de reproduire dans ce musée».

Les désormais populaires animations par ordinateur et autres jeux sur écrans sont néanmoins restés à la porte - «Si ce n'est pas une vraie expérience mais plutôt une expérience virtuelle, alors c'est différent», justifie la conservatrice.

Dick Bruna, 88 ans, est né à Utrecht en 1927. Il était censé suivre les traces de son père et reprendre la maison d'édition familiale, qui fut à une époque la plus grande du pays, mais a préféré le dessin et l'art. Pendant les années 40, où il a étudié à Paris, il a été fortement influencé par le travail des peintres français Henri Matisse et Fernand Léger.

De retour de Paris, il commence à dessiner des couvertures de livres pour des nouvelles publiées par la maison d'édition familiale. Un jour, pendant des vacances sur les plages de la mer du Nord en 1955, il observe un lapin blanc dans les dunes et en crée un dessin pour son jeune fils Sierk. Miffy est née.

Les images simples et les lignes claires «laissent de la place à l'imagination et à la fantaisie», assure à l'AFP Evaline Reeskamp, en charge de l'éducation pour le musée.

Après avoir joué avec leurs bambins, les parents peuvent satisfaire l'éventuelle curiosité de ces derniers concernant les techniques de l'artiste en visitant le studio de Dick Bruna, où il s'est rendu tous les jours pendant 30 ans - à vélo- avant de prendre sa retraite en 2011.