L'artiste chinois dissident Ai Weiwei va collecter des milliers de gilets de sauvetage abandonnés à Lesbos par les migrants pour créer à Berlin une oeuvre dédiée à cet exode et à ses morts, a annoncé mardi la municipalité de cette île grecque.

Le maire de Lesbos, devenue la première porte d'entrée migratoire en Europe, «a fait don de 14 000 gilets de sauvetage» pour ce projet, a précisé un communiqué municipal. «L'oeuvre vise à mobiliser la communauté internationale contre le crime commis quotidiennement en Égée par les passeurs», selon le texte.

Les gilets de sauvetage portés par les réfugiés et migrants affluant en Europe via la mer Égée, entre Turquie et Grèce sont devenus depuis des mois un symbole de cet exode et de ses périls. Ils sont pour la plupart contrefaits à la chaîne en Turquie et n'offrent aucune protection en cas de chute en mer.

Cette masse plastique qui s'accumule sur les rives des îles grecques constitue aussi une bombe écologique, en l'absence dans l'immédiat de solution efficace de recyclage.

Réputé pour son engagement, l'artiste chinois a multiplié ces derniers mois les initiatives pour dénoncer une politique européenne mettant selon lui en danger la vie et la dignité des populations affluant sur son sol.

Après avoir annoncé en janvier un projet de mémorial aux réfugiés noyés à Lesbos, il a posé la semaine dernière sur une plage de l'île, pour le magazine India Today, dans la posture de l'enfant syrien Aylan Kurdi, dont la photo gisant noyé sur une plage turque avait suscité une émotion mondiale en septembre.

Depuis la mort d'Aylan, des centaines d'autres enfants, notamment syriens et afghans, se sont à leur tour noyés, ainsi que de nombreux adultes, dans les traversées vers l'Europe: le bilan a atteint 368 morts en janvier pour l'ensemble de la Méditerranée, et 272 pour la seule route égéenne en janvier, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Dans le dernier naufrage en date, survenu mardi au large des côtes occidentales turques, neuf migrants, dont deux nourrissons, ont trouvé la mort.