SON ENFANCE. Imaginée par Francine Lelièvre, directrice générale du musée, et mise en oeuvre par la commissaire Élisabeth Monast Moreau, l'exposition débute avec les jeunes années d'Agatha Christie (1890-1976).

Elle présente un grand nombre de photos de sa famille. Son père, Frederick Alvah Miller, était un riche Britannique d'origine américaine. Sa mère, dont elle était très proche, s'appelait Clarissa Margaret Boehmer. Agatha Mary Clarissa Miller était la dernière de trois enfants et avait appris à lire seule dès l'âge de 4 ans. Par contre, elle avait, jeune, quelques difficultés à parler. « C'est sans doute l'une des raisons qui m'ont fait devenir écrivain », avait-elle dit.

SON ADOLESCENCE

L'exposition relate moult détails sur l'adolescence d'Agatha Christie. Très intéressée par les arts, notamment le tango, la musique et le théâtre, la romancière en devenir est allée se forger une culture à Paris, à l'âge de 15 ans. Elle y a découvert les grands opéras. « Ma mère tenait absolument à me donner ce que l'on considérait comme le droit de naissance d'une jeune fille, c'est-à-dire de permettre à la chrysalide de se transformer en papillon... », dira-t-elle plus tard. Sa mère l'accompagna aussi en Égypte où elle passa du bon temps. Une salle de l'exposition montre des photos de cette époque.

SES LIVRES

Sa volonté d'écrire des romans policiers est née de son expérience dans le laboratoire de pharmacie d'un hôpital. Entourée de poisons, elle avait l'arme du crime. Il ne lui manquait plus qu'une intrigue et un détective. L'exposition évoque l'apparition du détective belge Hercule Poirot et présente ses livres dans des vitrines et même sur les montants des présentoirs ! Au-delà des éditions originales et des anecdotes autour des romans, l'expo présente de multiples carnets de notes dans lesquels elle préparait ses histoires, inscrivant des hypothèses de son écriture presque illisible, raturant et faisant des croquis des mises en scène. On peut aussi admirer la machine à écrire Remington 1937 qu'elle a utilisée pendant de nombreuses années.

L'ORIENT-EXPRESS

Avant même de partir au Proche-Orient avec son second mari, Max Mallowan, dans les années 30, Agatha Christie avait pris l'Orient-Express pour se rendre à Istanbul et à Bagdad en 1928. Les scénographes de l'expo ont reconstitué ses voyages en train qui faisaient pleinement partie de l'aventure à l'époque. Créée grâce à la collection Michel Cozik, de Paris, la section consacrée à l'Orient-Express est intéressante. On a reproduit sur un mur la silhouette du train et reconstitué plusieurs décors de son intérieur, avec des tables à dîner comprenant couverts, verres, carafes de cristal et lampes individuelles. Impressionnée par cette ambiance unique, Agatha Christie publiera en 1934 son célèbre roman Le crime de l'Orient-Express.

LES FOUILLES

L'archéologie tient une grande place dans cette expo avec la présentation d'un très grand nombre de vidéos, de photos et d'artéfacts trouvés par le mari d'Agatha Christie, mais aussi lors d'autres fouilles. Dans la salle consacrée au chantier de Nimrud, en Irak, on peut voir les photographies de quelques sculptures, notamment un lamassu (animal à tête humaine, à cinq pattes et à deux ailes) récemment détruit par les terroristes du groupe État islamique. Le visiteur peut contempler un magnifique bas-relief de 1,41 m de hauteur - qui comprend un texte en écriture cunéiforme - ainsi que des objets sculptés en ivoire provenant du British Museum.

LA VOITURE FORD

Dans une des salles consacrées aux découvertes archéologiques de son mari est exposée une automobile Ford de modèle « A » Phaeton décapotable, datant de 1929. Il s'agit d'une voiture contemporaine de celles que le couple a utilisées en Mésopotamie, notamment en Irak, quand il travaillait sur les chantiers de fouilles. L'exposition comprend un grand nombre de photos de cette expédition de 1931 qui sera suivie d'une autre en 1933. C'est à Ninive qu'Agatha Christie écrivit son roman Le couteau sur la nuque. Elle raconte son expérience sur les chantiers de fouilles d'Irak et de Syrie dans le livre Dis-moi comment tu vis, publié en 1946 sous son nom de mariage, Agatha Christie Mallowan.

SA MAISON DE GREENWAY

L'exposition s'achève sur la fin de la vie d'Agatha Christie dans sa grande maison blanche de Greenway, achetée en 1938 et qui est aujourd'hui accessible au public. On trouve son piano, des vêtements qu'elle a portés, son fauteuil favori, une peinture d'Oskar Kokoschka la représentant assise sur ce fauteuil, son service à thé, ou encore les appareils photo avec lesquels elle a documenté les découvertes de son mari au Proche-Orient. « C'est avec beaucoup d'émotion que ma famille accepte de montrer ces objets issus de sa vie de tous les jours mais qui témoignent de ses goûts et de son talent », a indiqué Mathew Prichard, petit-fils d'Agatha Christie, lors du lancement de l'exposition, mardi.

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Au musée Pointe-à-Callière jusqu'au 17 avril 2016

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

L’exposition relate moult détails sur l’adolescence d’Agatha Christie.

Photo François Roy, La Presse

Des éditions originales des œuvres de Christie sont exposées.