Après Liverpool et Berlin notamment, Montréal, star mondiale de l'art numérique, accueille l'important colloque international Re-Create sur la jonction entre l'art, les sciences et la technologie en enseignement. Du 4 au 8 novembre à l'UQAM et à Concordia.

La Biennale Re-Create regroupe 81 chercheurs de 21 pays cette année à Montréal du 4 au 8 novembre. Des créateurs, scientifiques et artistes qui oeuvrent en art numérique, design, sociologie, histoire de l'art, anthropologie, étude des jeux, philosophie et communication.

Le colloque traite de recherche-création, un concept qui existe depuis plus de 10 ans et qui est très fort au Québec.

«Ça vient même de la Révolution tranquille, dit la codirectrice du colloque, la professeure et artiste Gisèle Trudel. Les artistes étaient au diapason de la société et voulaient du changement. Dans les années 60, peu de gens accédaient aux études supérieures, mais c'est l'époque où ont fleuri les centres d'artistes. Beaucoup de ces artistes sont maintenant professeurs. Ce qui donne un statut particulier à Montréal.»

Depuis 15 ans, les grands fonds de recherche, réservés auparavant aux sciences pures ou humaines, ont commencé à s'ouvrir à ces créateurs qui travaillent dans les universités.

«C'est une tendance en croissance, dit Mme Trudel. En Europe, les accords de Bologne ont fait en sorte que les écoles de beaux-arts soient homogènes dans l'Union européenne. Nous avons ce genre de modèle à l'UQAM qui a réuni cinq écoles au sein de l'institution. On peut donc en discuter avec l'international de manière intéressante.»

Oeuvres et conférences

En plus des ateliers et rendez-vous entre pratiquants, le colloque présente trois conférences d'honneur, dont une avec la pionnière américaine de la vidéo et de la performance Joan Jonas, jeudi soir.

En outre, Re-Create offrira gratuitement les oeuvres de WhiteFeather Hunter et Tristan Matheson, Jean Dubois, Bill Vorn, Ricardo Dal Farra, ainsi qu'Irradier de Gisèle Trudel et Guillaume Arseneault (projection architecturale à grande échelle).

«C'est une oeuvre rendant visible l'invisible sur l'édifice de l'UQAM sur Président-Kennedy qui est un gros paquebot. Mais sa stratification me fait aussi penser à un outil de mesure. J'ai voulu créer la visualisation des fréquences radio [aéronautique, télévision, cellulaire...] dans ce quartier extrêmement dense.»

Les oeuvres proviennent des membres d'Hexagram, ce réseau international d'artistes-chercheurs, en grande majorité de Montréal, toujours à la fine pointe des recherches sur l'utilisation des technologies.

Notre ville continue donc de briller sur la scène mondiale de l'art numérique dans une réalité en perpétuel changement technologique.

«On est au début de quelque chose qui est dans une accélération fulgurante en même temps. On a besoin de lieux et de moments forts pour que les gens se rencontrent autour de projets et de concepts. Il s'agit de les mettre ensemble finalement. On est tous dans notre coin, mais se rencontrer face à face, ça change tout.»