Un drôle de véhicule doré s'élancera mercredi du centre de la France pour rallier en quatre jours la 56e Biennale de Venise: à son bord huit artistes internationaux, une vingtaine d'oeuvres d'art contemporain et un studio de radio mobile pour Sublime de voyage, la toute première biennale d'art contemporain embarquée.

C'est «une grande aventure humaine», explique la plasticienne Clorinde Coranotto, professeure à l'École des beaux-arts de Limoges. «Je pense que les gens sont tout à fait prêts à recevoir cette offre culturelle, mais qu'il y a des complications physiques, les lieux sont loin, et parfois psychologiques. Mon approche de l'art est celle de la fête permanente et la fête est accessible à tous».

Son véhicule a été «conçu pour se fondre au décor avant d'exploser de surprises». À son bord, les oeuvres viennent d'Europe, d'Amérique et d'Asie.

L'historien d'art Paul Ardenne, qui suivra le convoi de 27 personnes, évoque son excitation pour ce projet qui terminera sa course à Venise samedi. «Je suis spécialisé dans les formes d'art non conventionnel, c'est-à-dire hors atelier, dans la rue, dans un cadre participatif...», explique-t-il.

Ce thème du sublime, «je l'ai pensé comme un «nécessaire de voyage». Quand on part on ne prend que l'essentiel. Le thème de sublime est un hommage à James Lee Byars», artiste plasticien américain (1932-1997), explique Paul Ardenne. Et tout au long du voyage, le véhicule fera des haltes auprès du public qui participera à la création d'une oeuvre éphémère.

«Le sublime est un thème qui m'intéresse parce que je fais partie de cette génération post-70, celle qui a fait le deuil de toutes ses utopies pour construire une société individualiste et par trop souvent haïssable. Cette biennale a la volonté d'aller à contre-courant du désenchantement. Le sublime est une manière de s'en extraire sans mot dire», précise-t-il.

«Ce qui compte dans notre démarche» c'est «ce qu'on laisse aux personnes que l'on croise», résume Clorinde Coranotto.