Après six ans et demi de fermeture pour travaux, le musée de l'Homme à Paris, face à la Tour Eiffel, rouvre ses portes le 17 octobre, dans des locaux entièrement rénovés et avec un projet scientifique repensé.

Le président François Hollande a célébré jeudi «l'unité et la diversité» du genre humain après avoir parcouru les vastes espaces lumineux, place du Trocadéro, qui rassemblent 700 000 objets de préhistoire et 30 000 ensembles d'anthropologie, auxquels s'ajoutent 6000 objets illustrant l'appropriation de la nature par les sociétés humaines.

«Je suis sur un petit nuage. C'est très émouvant de voir ce musée rouvrir», a déclaré à l'AFP Evelyne Heyer, commissaire générale de la «Galerie de l'Homme», le parcours permanent du musée qui se déploie sur 2500 m2.

«Qui sommes-nous? D'où venons-nous? Où allons-nous?»: telles sont les trois questions fondamentales auxquelles le musée, le seul spécifiquement dédié à l'espèce humaine en Europe, entend répondre.

«L'homme fait partie du «buissonnement» du vivant. En termes biologiques, il n'est pas «plus évolué» que les autres» espèces, indique Evelyne Heyer.

Dans l'«abri des ancêtres», plongé dans le noir, le visiteur se confronte à ses origines: il se retrouve face au célèbre crâne de Cro-Magnon dit du «vieillard». Cet Homo Sapiens, datant d'environ 28 000 ans, a été retrouvé en 1868 en Dordogne, dans le sud-ouest de la France.

À ses côtés, le crâne de «la Dame de Cavillon», teinté d'ocre rouge et recouvert de coquillages.

Il y a aussi les cousins: les hommes de Néandertal, représentés notamment par l'Homme de la Ferrassie, le site où il a été découvert en Dordogne. Plus loin on découvre la trousse à outils de la préhistoire: des instruments pour couper, inciser, rainurer, gratter...

La «salle des Trésors», maintenue dans la pénombre, abrite la Vénus de Lespugue, une petite statuette aux formes généreuses réalisée en ivoire de mammouth il y a environ 23 000 ans. Mais il y a aussi la toute petite «Vénus impudique» au sexe marqué par le sculpteur.

Tout au long du parcours, les scientifiques du musée ont eu à coeur de replacer l'Homme dans son environnement. «L'Homme a commencé à avoir un impact sur la planète à partir du Néolithique lorsqu'il se met à domestiquer la nature», relève Evelyne Heyer. «Il y a eu une explosion démographique et les maladies sont apparues.»

Le parcours se termine par une interrogation sur le devenir de l'Homme: surexploitation des ressources, biodiversité menacée, «homme augmenté» grâce aux technologies.

De plain-pied dans le XXIe siècle

Plus de 96 millions d'euros ont été investis au total par l'État pour permettre à ce musée ouvert en 1938 de rentrer de plain-pied dans le XXIe siècle, après avoir vu partir en 2003 ses collections d'ethnologie culturelle, suite à la décision du président Jacques Chirac de créer le musée du quai Branly.

Sur fond de polémique, plus de 200.000 pièces ont rejoint le musée des arts et civilisations d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques qui a ouvert en 2006 de l'autre côté de la Seine.

Le MuCEM, inauguré en 2013 à Marseille, a reçu de son côté les collections d'ethnologie occidentale du musée de l'Homme.

Le musée de l'Homme, rattaché au muséum d'Histoire naturelle «n'avait pas pris le train de la rénovation des musées des années 1980 et 1990», reconnaît Cécile Aufaure, directrice du projet de rénovation.

«Mais très vite, grâce à la mobilisation des scientifiques, il y a eu un consensus» pour dire que le musée devait continuer à vivre, avec un projet repensé.

Les expositions temporaires disposeront de 650 m2. Innovant, le «balcon des sciences» permettra aux visiteurs de découvrir les travaux des scientifiques de ce musée riche de 150 chercheurs.

«Nous espérons recevoir 400 000 visiteurs la première année», indique Cécile Aufaure. Au moment de sa fermeture, le musée accueillait environ 150 000 visiteurs par an, rappelle-t-elle.