Les arts visuels fusionnent aussi bien que les autres. L'artiste français André Fortino travaille à la jonction entre performance, danse et théâtre. En vidéo!

Marseillais... et montréalais un peu aussi, André Fortino. Sa route en arts a commencé il y a 13 ans ici même, quand il a délaissé ses études en relations industrielles pour la peinture. Aujourd'hui artiste de la performance accompli, il nous revient avec sa première exposition en Amérique: Hôtel formes sauvages.

Commissaire de l'exposition, Anne-Marie Saint-Jean Aubre s'intéresse depuis quelques années à la fusion entre danse et arts visuels.

«J'ai effectué une résidence à Marseille et j'y ai rencontré André, raconte-t-elle. C'est la première fois que le triptyque est présenté dans une forme aussi grande, à la Fonderie. L'espace nous permet de restituer le rapport au corps et l'énergie qui se dégage des vidéos.»

L'oeuvre présentée est un triptyque d'une quarantaine de minutes. Le travail de création s'est déroulé sur une période de cinq ans.

Le premier écran, à gauche, intitulé Hôtel Dieu, montre une performance réalisée dans un hôpital désaffecté de Marseille. Portant un masque de porc, André Fortino va de pièce en pièce, détruisant et construisant à l'aide d'objets trouvés sur place.

«En mettant le masque, j'ai vécu une rencontre vraiment intense avec ce lieu, explique-t-il. S'autoriser à faire ces gestes dans cet espace m'a permis de libérer beaucoup de choses. Ça m'a mis dans un état particulier pendant plusieurs semaines. Je savais qu'il s'y était passé quelque chose. »

Le deuxième écran, placé entre les deux autres et nommé Le corps des formes, montre le performeur comme s'il représentait les objets utilisés dans les deux autres écrans. Le troisième écran, à droite, Paradis sauvages, reprend les actions du premier, mais dans un environnement différent, notamment en extérieur.

«J'ai fait la vidéo avec un ami, Hadrien Bels. On a tourné pendant un an à plusieurs endroits. L'idée, c'était de faire des gestes de performance avec des moyens qui se rapprochent du cinéma. C'était mi-scénarisé mi-écrit, mais très minuté pour correspondre avec les gestes d'Hôtel Dieu

Champ des possibles 

En visionnement, Hôtel formes sauvages laisse une vague impression de scénario écrit, repris différemment trois fois. Sur écran géant, l'énergie dégagée par chacun prend d'abord toute la place. Puis, des formes visuelles se développent et semblent créer un vocabulaire, voire un langage.

Les puristes de la performance ou de la danse diront qu'il ne s'agit ni de l'un ni de l'autre, mais là se trouve tout le plaisir de l'artiste, tout son nouveau champ des possibles.

«Je suis à un tournant, admet-il. J'aime l'idée d'explorer d'autres territoires, d'autres vocabulaires. Les catégories sont dans nos têtes. La pratique est illimitée.»

À la Fonderie Darling (745, rue Ottawa), jusqu'au 29 novembre

Photo Maxime Boisvert, fournie par la Fonderie Darling

André Fortino, Hôtel formes sauvages (2009-2015)