La justice française tranche mercredi le litige opposant les descendants de la collectionneuse d'art américaine Peggy Guggenheim à la fondation qui gère son palais vénitien.

Orpheline à 13 ans d'un père magnat de la métallurgie disparu sur le Titanic, Peggy Guggenheim (1898-1979) a vécu à Paris, Londres, New York puis Venise, où elle n'a jamais cessé de collectionner les artistes d'avant-garde.

À sa mort, elle a légué sa collection de Picasso, Braque, Miro, Matisse et autre Jackson Pollock, ainsi que son palais vénitien, à une fondation créée par son oncle qui, depuis, expose les oeuvres au public.

Pour son petit-fils Sandro Rumney (résidant en France, d'où la procédure française) et ses enfants, sa collection a été dénaturée par la fondation, notamment par l'adjonction d'oeuvres issues de donations d'autres collectionneurs, et doit être «remise en l'état».

Lors de l'audience, en mai, l'un de leurs avocats, Me Olivier Morice, avait dénoncé «la volonté de la Fondation de minimiser le génie de Peggy Guggenheim et le caractère tout à fait exceptionnel de sa collection».

Les plaignants dénoncent également une «profanation» de la sépulture de la collectionneuse, dont les cendres sont inhumées dans un coin du jardin, où sont organisés des cocktails et où une plaque mentionne le nom d'un autre mécène du musée.

La Fondation, elle, considère que la procédure n'a pas lieu d'être puisque M. Rumney avait conclu une transaction avec la Fondation après une première action en justice infructueuse dans les années 1990.

Son avocat, Christophe Perchet, avait également rappelé en mai «qu'aucune condition ne figure dans la donation» d'origine. Et insisté sur le développement spectaculaire de la fréquentation, passée de 35 000 visiteurs par an à la mort de Peggy Guggenheim à 400 000 aujourd'hui.

«Au fond, avait-il ajouté, ils se plaignent de la façon dont la Fondation administre la collection comme musée. Ils ne retrouvent plus le palais où habitait leur grand-mère.»