Pointe-à-Callière a célébré, hier, le 125e anniversaire de naissance de la romancière britannique Agatha Christie en donnant un aperçu de l'exposition qui sera présentée au Musée d'archéologie et d'histoire de Montréal du 8 décembre au 17 avril prochains en l'honneur de la plume la plus lue au Royaume-Uni, après William Shakespeare.

L'archéologie a marqué la vie d'Agatha Christie. C'est la raison pour laquelle la directrice générale de Pointe-à-Callière, Francine Lelièvre, fan inconditionnelle de la «reine du crime», a eu l'idée de l'exposition Sur les traces d'Agatha Christie.

Née le 15 septembre 1890, l'écrivaine anglaise s'est mariée 40 ans plus tard en secondes noces avec l'archéologue londonien Max Mallowan, de 15 ans son aîné. À partir de là, elle va beaucoup voyager sur des sites de fouilles en Égypte, mais aussi en Mésopotamie.

Berceau de la civilisation, cette région comprend une partie de l'Irak et de la Syrie - où Agatha Christie a vécu avec son mari en 1935 et 1936 -, zone actuellement occupée partiellement par les djihadistes du groupe État islamique, qui en dévastent certains sites archéologiques.

«Agatha Christie a passé des journées entières en Mésopotamie à prendre des photos sur les sites de fouille, a dit Francine Lelièvre, hier, lors d'une conférence de presse. La Mésopotamie, une région tant déchirée ces temps-ci, alors que les Mésopotamiens ont inventé l'écriture, l'agriculture et le regroupement de populations en villages.»

C'est de cette richesse historique à la base de l'humanité qu'il sera question dans cette expo en partie consacrée aux résultats des fouilles qu'a menées Max Mallowan de 1930 à 1960 et qui ont influencé l'écriture d'Agatha Christie, notamment dans ses livres Meurtre en Mésopotamie et Rendez-vous à Bagdad.

Objets de fouilles et du quotidien

On pourra découvrir des coiffes, des bijoux et des tablettes d'écriture cunéiforme provenant de fouilles de son mari dans la région d'Ur, en Irak. Elle comprendra également des objets du quotidien de la créatrice d'Hercule Poirot et de Miss Marple: des vêtements, sa machine à écrire Remington 1937, la chaise de son bureau, des lettres manuscrites, son dictaphone et les premières éditions de romans policiers.

La commissaire de l'exposition, Élisabeth Monast Moreau, a choisi de scinder l'expo en huit grandes zones qui traverseront la vie d'Agatha Christie, son oeuvre, son imaginaire et ses univers. Pour ce faire, elle a bénéficié du soutien de sa famille. «Le Christie Archive Trust nous a donné accès à de nombreux documents, tant sonores que visuels, ainsi qu'à des dizaines d'objets, dit-elle. Nous avons pu aussi nous procurer des objets provenant de grands musées tels que le British Museum de Londres, le Metropolitan Museum of Art de New York et le Musée royal de l'Ontario.»

Le British Museum a présenté en 2001-2002 une exposition intitulée Agatha Christie and Archaeology - Mystery in Mesopotamia, qui présentait la vie de la romancière et l'influence de l'archéologie dans sa vie et son oeuvre. Hier, les médias ont pu admirer dans une vitrine les deux ensembles d'écriture d'Agatha Christie pour ses livres Curtain (Poirot quitte la scène), écrit en 1940-1941, et Halloween Party (La fête du potiron), qui date de 1969. Chaque ensemble comprend ses carnets de notes, des manuscrits, des épreuves, un «tapuscrit» annoté et des enregistrements sonores qu'elle utilisait pour dicter des passages de ses livres.

Un contexte à considérer

Si, ces dernières années, des critiques se sont fait entendre concernant certains stéréotypes véhiculés par Agatha Christie dans ses livres (pointe de xénophobie, voire d'antisémitisme), même si elle était très ouverte aux autres cultures, Élisabeth Monast Moreau précise qu'il faut remettre les mots de la romancière dans leur contexte.

«Certains de ses livres ont été écrits il y a environ 100 ans, alors il faut comprendre qu'il y a un certain décalage d'époque, dit-elle. Elle est née à l'époque victorienne, donc cela a laissé sa marque. Ses lecteurs aiment cette touche un peu ancienne. On remet tout ça en contexte dans l'exposition en suivant la vie d'Agatha Christie pour qu'on puisse comprendre ses sources d'inspiration et pourquoi elle avait ces propos-là.»

Lors de l'inauguration de l'expo, le 8 décembre, le petit-fils d'Agatha Christie, le producteur Mathew Prichard, et le neveu de son mari, John Mallowan, seront présents. Une conférence sera également proposée aux membres du musée, en présence de Mathew Prichard et d'Henrietta McCall, commissaire invitée du British Museum.

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Au musée Pointe-à-Callière, du 8 décembre au 17 avril.