Depuis ses études à Concordia, Martin Golland avait écarté l'humain de ses oeuvres. Pour son retour à la galerie antoine ertaskiran, deux ans après son exposition Projection, le peintre présente une série de toiles et de collages, Setting the Stage, où les espaces devenus scéniques s'humanisent.

Martin Golland est heureux d'exposer à Montréal. Même s'il est né en 1975 dans le sud de la France, le peintre canadien est comme sa peinture, hybride. Il a vécu à Istanbul, Porto Rico et Miami avant de rentrer au Canada à l'âge de 16 ans.

Pour son deuxième solo à la galerie antoine ertaskiran, Martin Golland réserve une surprise à ses fans: la période de ses espaces géométriques empreints d'irréalisme et associés à la nature est terminée.

«C'est un grand changement. Bon, ce sont des figures ou presque des figures, mais je n'en avais pas fait depuis mes cours avec Marion Wagschal!» - Martin Golland

«J'avais besoin de faire autre chose. Mes sujets m'étaient devenus trop familiers. J'avais besoin d'étrangeté et même d'un peu de peur et d'incertitude», dit-il.

L'APPEL DES RACINES

Martin Golland a donc décidé de reprendre ses aires vides et de les meubler de caractères, toutefois assez vagues.

Setting the Stage nous entraîne dans l'expression scénique des caractères, soit le milieu du spectacle, celui de la dramaturgie, d'Arlequin, des bouffons italiens. Un voyage dans le temps et dans l'espace, autour de la performance artistique, théâtrale et musicale. Un voyage au sein de l'histoire de l'art et au coeur de sa propre histoire familiale puisque son grand-père, Joseph Golland, était un acteur.

On retrouve dans ces 23 oeuvres, réalisées cette année, l'univers chaotique, un peu baroque et dense de Martin Golland, cette façon d'occuper l'espace en combinant réel et irréel dans un équilibre presque circassien.

Parmi ses toiles, citons The Captain avec son masque « tableau dans le tableau » qui fait une sorte de transition avec ses oeuvres précédentes.Fool est caractéristique de la gamme de couleurs retenue pour Setting the Stage. Des teintes dans les ocres, terre de Sienne et vert sombre qui donnent un aspect un peu vieillot aux tableaux. 

THÉÂTRE ET COULISSES

Avec Prop Room, où les textures, les mouvements et la lumière sont très travaillés, on se retrouve dans les coulisses d'un théâtre.

Avec la toile The Stage, on imagine une folle ambiance extérieure au festival Osheaga, où les têtes des spectateurs sont à peine suggérées. Un espace urbain ouvert qui peut aussi paraître abandonné et envahi par la végétation.

Dans une petite salle, Martin Golland a accroché des oeuvres sur film polyester tout aussi fascinantes, dans lesquelles on retrouve la scène de théâtre, son décor intérieur ou encore un cinéparc qui servirait aussi deskatepark.

COLLAGES

S'il a toujours fait des collages, c'est la première fois que Martin Golland expose ses oeuvres de morceaux de papier assemblés, colorés et mis en relief.

Dans l'une d'elles, il rend hommage au musicien et artiste visuel Don Van Vliet alias Captain Beefheart, ami de Frank Zappa.

Dans une autre, par un savant jeu de mots, il associe le groupe hard Mötley Crüe au costume de scène motley de la commedia dell'arte.

«L'histoire n'est pas figée pour moi, dit l'artiste de 39 ans. Avec la technologie, aujourd'hui, elle est accessible. On peut la parcourir et revenir ensuite dans le présent.»

Setting the Stage, de Martin Golland Galerie antoine ertaskiran 1892, rue Payette Jusqu'au 10 octobre