La ville de Marseille accueille depuis jeudi la première rétrospective consacrée au peintre chinois Chu Teh-Chun, décédé en mars 2014 et dont la cote auprès des collectionneurs avait flambé au cours des dernières années.

«Pour moi, cette première rétrospective, c'est magique et très touchant: quand Chu Teh-Chun était arrivé en France en 1955, il avait débarqué de bateau à Marseille», s'est réjoui auprès de l'AFP Marc Stammegna, directeur de la Fondation Monticelli, un musée privé ouvert en 2010 à Marseille.

Décédé à l'âge de 93 ans à Paris en mars 2014, Chu Teh-Chun était membre de la section Peinture de l'Académie des beaux-arts depuis 1997 et membre de l'Académie française depuis 1999.

L'exposition Amours océanes présente jusqu'au 4 octobre 22 oeuvres sur le thème de l'océan, datant des années 1960 à 2008, année des dernières peintures de ce représentant de l'abstraction lyrique. Toutes sont inédites: deux appartiennent à un particulier, et les 20 autres à la famille.

Sa cote a fortement augmenté au cours des dernières années. «En ce moment, les artistes chinois sont très à la mode», a souligné M. Stammegna: «J'ai même reçu des coups de fils de galeries de New York qui voulaient savoir si des peintures seraient mises en vente, ce qui n'est évidemment pas le cas. Trois musées ont aussi cherché à savoir s'ils pouvaient accueillir ensuite l'exposition.»

Né en 1920 en Chine dans une famille de notables lettrés, Chu Teh-Chun pratique la calligraphie depuis son plus jeune âge. Il entre en 1935 à l'École des beaux-arts de Hangzhou (sud-est de la Chine) où son professeur lui fait découvrir la peinture occidentale et notamment Cézanne.

En 1955, il embarque pour la France et rencontre sur le bateau celle qui allait ensuite partager toute sa vie, Tung Ching-Chao. La rétrospective de Nicolas de Staël en 1956 à Paris est une révélation. «Auparavant, j'étais un peintre objectif, mais à présent je ne m'intéresse plus à cette façon de peindre, parce qu'après avoir commencé à étudier la peinture abstraite, j'ai ressenti profondément et avec évidence la liberté d'expression dont elle témoigne», a-t-il expliqué.

Il rencontre ses premiers succès à Paris, et dès 1964, sa réputation se propage à l'étranger et en 1976, il renoue avec la calligraphie. En 1983, il retourne en Chine, puis expose et voyage dans le monde entier. En 2006-2007, il expose pour la première fois aux États-Unis.